Benoît Sébaut
Voyager au plus près du monde et de ses habitants : le tourisme équitable et solidaire
La croissance du tourisme international est exponentielle : le nombre d’individus ayant traversé une "frontière" pour leurs vacances a été multiplié par 40 en 60 ans, passant de 25 millions en 1950 à près d’un milliard en 2010.
Toute première activité économique mondiale, fondée historiquement sur la découverte et l’échange, le tourisme semble devenu une industrie à sens unique. Les maux du tourisme font rarement la Une des médias mais, du tourisme sexuel impliquant des enfants à l’exploitation des destinations jusqu’à leur abandon en friche touristique, ils sont pourtant fort nombreux. Face à ce constat, un nouveau modèle de développement touristique, "intégré au territoire", a été mis en place par des voyagistes engagés : le tourisme équitable et solidaire.
Optez pour des voyagistes engagés, soutenant le commerce équitable, la solidarité internationale et l’économie sociale
L’offre proposée par ces voyagistes du tourisme équitable et solidaire est plurielle en termes de formules et de destinations. Mais, quel que soit le voyage, elle est construite pour répondre à trois exigences : le développement durable de la destination, la satisfaction des voyageurs et la rentabilité du voyagiste. Les engagements de ces trois parties prenantes du tourisme équitable et solidaire sont de trois ordres :
- le commerce équitable, qui implique une relation de partenariat équilibré entre le voyagiste qui envoie les touristes et son partenaire hôte qui bénéficie en échange d’une juste rémunération ;
- la solidarité internationale, qui induit une participation du touriste au financement du développement local, pour lequel une partie du prix de son voyage est affectée ;
- l’économie sociale et solidaire, qui passe par une relation transparente entre le voyageur et le voyagiste qui communique sur la répartition du prix du voyage et prépare à la rencontre avec les habitants.
Favorisez l’économie locale et la transparence
Guides, restauration, transport, ou artisanat : il s’agit de "consommer local" en recourant aux ressources propres à la destination, de maximiser les retombées économiques pour les habitants dont le mode de vie est souvent endogène, notamment dans les territoires ruraux. Le touriste peut ainsi donner du sens à son voyage, se démarquer de la logique industrielle pour privilégier les produits et services locaux : bénéficier d’un guide né dans la région, déguster une cuisine réalisée par les habitants, avec des légumes issus de l’agriculture locale, acheter des souvenirs auprès des artisans dont il aura visité l’atelier. Il participe à des services produits de façon juste et équitable. Voilà les pratiques de consommation touristique qu’il s’agit d’encourager.
Le voyagiste informe les voyageurs des us et coutumes des destinations et de la fragilité de leur patrimoine naturel, culturel et humain. En écoutant les populations, en les soutenant dans leur choix de faire du tourisme un outil de développement, il rend visible l’offre touristique de ses partenaires. Il met également en garde sur les dangers du développement touristique (risques de dépendance économique, folklorisation, etc.) et s’assure des conditions de sa durabilité (formation des populations, concertation avec les collectivités locales, etc.).
Décidés et gérés par les communautés les projets sont financés par la "part" solidaire de chaque voyage vendu par un opérateur de tourisme équitable et solidaire. Entre 3% et 10% du prix des voyages sont affectés à des projets collectifs en matière de santé, d’éducation, de développement économique, de protection du patrimoine, etc. Véritable prime au développement, il s’agit de dépasser la logique de juste rémunération des prestataires et de faire en sorte que l’ensemble des habitants bénéficient des revenus générés par le tourisme sur le territoire. Toute la population d’un village n’est pas systématiquement associée à l’accueil des touristes pour diverses raisons : manque de moyens pour investir dans un équipement, même modeste comme une simple chambre d’hôte, absence de formation aux métiers du tourisme, ou encore choix de se concentrer sur son activité professionnelle, agricole le plus souvent. L’objectif est d’être non seulement équitable avec les habitants associés à l’accueil mais aussi solidaire avec ceux moins directement impliqués, pour aider au financement de micro-projets et au développement des régions d’accueil.
Soyez acteurs de vos voyages !
Voyagez mieux, peut-être moins souvent, plus longtemps, afin de limiter l’impact économique et écologique du transport sur le prix des voyages. Voyagez trois semaines plutôt que quinze jours pour augmenter directement la part des prestations locales dans le prix du voyage et diminuer relativement votre empreinte carbone.
Se donner le temps de rencontrer les populations locales, en s’assurant qu’elles sont actrices et bénéficiaires du développement touristique, tel pourrait être l’attitude à adopter par des touristes souhaitant opter pour un tourisme plus équitable et plus solidaire. Pour des voyages uniques, qui vous ressemblent, hors des standards du voyage de masse… essayez donc !