Une formation universitaire pour développer les compétences d’élus mutualistes
La formation comme garantie de participation et d’implication décisionnelle.
Au sein des entreprises de l’ESS, plusieurs ont fait le choix de réfléchir et d’expérimenter de nouvelles formes de gouvernances qui font la part belle à la participation de toutes les parties prenantes. Entre utilisation des nouvelles technologies, expérimentation des élections sans candidats, inspiration de l’éducation populaire pour animer les réunions décisionnelles, ces structures de l’ESS cherchent à réintroduire de la participation et de la démocratie au sein même de leur administration.
Parmi les nombreuses initiatives inspirantes développées par les acteurs de l’ESS, nous vous proposons de découvrir dans cet article un bel exemple mutualiste mis en œuvre par la MGEN. Celui-ci est extrait du rapport « Gouvernance d’entreprises ESS : recueil de bonnes pratiques » publié par le Labo de l’ESS à la suite d’une année de réflexion menée sur ce thème avec son « Club d’entreprises partenaires1 ».
La MGEN est une mutuelle d’assurance de santé qui compte plus de 3,8 millions d’assurés, dont 2,8 millions de sociétaires. Elle dispose d’une base importante de sociétaires militants, actifs et retraités de l’Education nationale en bonne partie. La MGEN a déployé des efforts significatifs pour développer les compétences de ses élus qui constituent le « cœur battant » de la démocratie mutualiste. La montée en compétence des élus est à la fois une manière d’attirer les adhérents vers le sociétariat et de susciter une plus grande participation grâce à l’utilisation de nouvelles méthodes d’animation, de débats et de discussions entre élus et cadres de la structure.
Ainsi, les 511 délégués et les 48 administrateurs de la MGEN ont la possibilité de suivre un cursus spécifique de formation, centré sur les métiers de l’assurance santé, les enjeux de solvabilité et, tout autant, le management mutualiste. En partenariat avec la Mutuelle santé Solidaris en Belgique, la MGEN a sollicité les Universités de Saint-Quentin-en-Yvelines et du Mans pour concevoir un Master « Gouvernance mutualiste » . Elle s’est appuyée sur un cahier des charges visant à développer les compétences stratégiques et politiques des élus, et notamment leurs capacités d’animation de débats.
« En termes de savoir-faire, la formation vise l’aptitude au raisonnement et à l’argumentation dans les domaines variés que sont le droit, la gestion, les ressources humaines, la communication. La formation développe aussi la capacité à actualiser ses connaissances par le recours aux banques de données et l’utilisation de ressources multimédia. La formation permet le développement d’aptitudes rédactionnelles (mémoire de recherche, rapport d’activité, exercices de synthèse). Elle valorise la prise de distance et la conceptualisation, en développant la capacité analytique par l’utilisation des références. En termes de savoir être, la formation repose sur des travaux individuels et collectifs qui contribuent à développer le sens de l’écoute active. Les candidats provenant de structures et d’horizons différents apprennent à mettre en commun des questions et solutions lors de séances de travail en groupes et en réunions plénières. La formation confère aussi un savoir être d’analyse distanciée des documents des Conseils d’administration. Elle permet aussi de favoriser le dialogue entre les élus et les cadres de l’organisation. » Cette initiative de la MGEN a été largement reconnue par la profession : plusieurs mutuelles ont d’ailleurs rejoint le Master en inscrivant leurs élus ou futurs élus.
- 1Les membres du « clubs des entreprises du Labo de l’ESS sont : La CASDEN, Chorum, Le Crédit Coopératif, La Mutuelle Nationale Territoriale (MNT), La MACIF, La MAÏF, La MGEN IDF, Le groupe UP