Collectif de femmes de l’ESS
Sociales et solidaires, les FemmESS savent où elles vont !
FemmESS, notre collectif de femmes de l’Economie sociale et solidaire (ESS), a un an. Né comme lieu d’échange et de partage d’expériences, notamment sur l’exercice de responsabilités, il s’est mobilisé pour que l’égalité femmes/hommes devienne une réalité et non plus seulement un espoir. En tous cas pas un "oubli", comme celui d’inviter des femmes à témoigner lors des manifestations publiques de l’économie sociale et solidaire. Nous nous sommes donc "invitées" aux Etats généraux de l’ESS de juin 2011.
Car le constat demeure accablant : l’égalité femmes/hommes reste pour l’essentiel à construire, tant dans le domaine professionnel, pénalisant les retraites, que dans l’exercice des responsabilités électives, dans les conseils d’administration et la direction des entreprises, et … dans la vie quotidienne ! Que ce soit en vertu de principes et de valeurs, ou de simple respect du droit, l’égalité dans l’emploi et dans l’accès aux responsabilités doit s’appliquer ici et maintenant.
En interpellant l’ESS et ses responsables sur cette question, notre Collectif propose que tous, femmes et hommes, s’impliquent, s’emparent véritablement du sujet et concourent à le faire progresser dans "les faits et dans les têtes" car nous avons toutes et tous à y gagner, aux plans individuel et collectif.
"L’ESS au féminin et si tout le monde y gagnait ?", dans notre atelier des Etats généraux, des femmes et des hommes de tous âges, fonctions et engagements, ont élaboré des propositions concrètes. Ces demandes ont été relayées par l’appel "Cent femmes s’engagent pour l’Egalité maintenant dans l’économie sociale et solidaire", signé par près de 600 personnes, pour réclamer notamment :
- la reformulation du principe "un homme, une voix" en "une personne, une voix"
- l’expérimentation de nouvelles logiques de partage de responsabilité et de pouvoir, de gestion du temps et d’organisation des entreprises, de soutien à la prise de responsabilité par les femmes
- la limitation du cumul des mandats pour favoriser la parité
- la promotion des femmes à l’occasion des nombreux futurs départs à la retraite des dirigeants de l’ESS
- la négociation d’un accord collectif sur l’égalité dans l’ESS et la mise en application réelle des accords et chartes existants
- la création d’un Observatoire de l’égalité femmes/hommes dans l’ESS.
Pour poursuivre l’analyse et, surtout, dresser les perspectives de mise en œuvre, avec les femmes et les hommes de l’ESS, nous avons organisé une rencontre publique le 16 novembre 2011 entre praticiennes et chercheuses, responsables salariées et bénévoles dans l’ESS.
Que retenir de notre action à ce jour ?
Des chiffres, tout d’abord :
L’Observatoire national de l’ESS établit que 66% des effectifs salariés de l’ESS sont des femmes, dans des secteurs où l’emploi féminin est traditionnellement majoritaire ; qu’elles ont majoritairement plus de 40 ans comme les hommes, ce qui donne à l’emploi des seniors une dimension particulière dans l’ESS, quant au renouvellement à venir des postes de dirigeants. La nouvelle génération de dirigeants accordera-t-elle davantage de place aux femmes pour occuper cette fonction et ces dernières sauront-elles mieux revendiquer leur place ?
Les femmes travaillent essentiellement dans les associations, les fondations et les mutuelles (environ 70%, contre 45% dans les coopératives et 27% dans les SCOP). Seules 55% des femmes occupent des emplois à temps complet contre 75% des hommes ; le pourcentage baisse à 19% dans l’aide à domicile.
La rémunération annuelle brute pour un CDI à temps complet est de 29 999€ pour les femmes et 35 500€ pour les hommes, tous secteurs d’activités et types d’entreprises confondus. Selon les secteurs d’activités et les métiers exercés, l’écart peut tant se réduire qu’augmenter.
Une approche plus qualitative prend appui sur l’importance de l’emploi féminin dans l’ESS pour orienter, voire construire une norme "de genre" de l’emploi : certes le secteur associatif offre aux femmes des perspectives d’emploi et de carrière, mais ce sont souvent des emplois de qualité médiocre ou à responsabilités limitées, l’accès au statut de cadre reste souvent atypique, l’écart de salaire entre hommes et femmes réel et les salaires globalement bas.
Plusieurs expériences présentées méritent d’être diffusées et reproduites : l’Observatoire de l’emploi et des métiers de la Mutualité française ; l’accord d’octobre 2011 sur l’égalité hommes/femmes dans les 19 branches de la coopération agricole, qui impose aux entreprises de monter des plans d’actions concrètes avec évaluation au terme de deux ans ; la Charte nationale de l’égalité hommes/femmes de 2004 signée par la CPCA qui "reste à évaluer et à promouvoir".
Par ailleurs l’accord cadre de l’USGERES sur la prévention des discriminations des inégalités au sein de l’ESS prévoit un article sur l’égalité professionnelle.
Des outils existent, des pistes sont tracées, des études à approfondir. Pour être efficace, il convient de croiser toutes ces approches. Il faut plus de volonté politique de la part des dirigeants de l’ESS, une plus grande implication des partenaires sociaux et une mobilisation des femmes elles-mêmes, sans compter un réel partage des tâches domestiques entre hommes et femmes pour y arriver.
Le Collectif FemmESS entend y contribuer.