Le Village Cloverdale, un exemple québécois qui marche
Implantées au Québec depuis les années 1940, les coopératives d’habitants sont aujourd’hui au nombre de 1 300 dans le pays permettant à quelques 30 000 ménages de se loger à un prix abordable et dans les principes de l’ESS. Le Village Cloverdale est l’une des plus grandes coopératives au monde et tire sa force d’une histoire de plus de 50 ans. Exemple d’un modèle qui marche.
Le Village Cloverdale situé à l’ouest de Montréal, est la plus grande coopérative d’habitant du Canada. Rares sont les coopératives d’habitation de grande taille. En moyenne au Québec, elles comptent entre 20 et 30 logements. À cet égard, la coopérative d’habitation Village Cloverdale est atypique, avec ses 866 logements répartis dans 58 bâtiments et regroupant pas moins de 4 000 habitants de 57 nationalités différentes.
Au Québec, les coopératives d’habitation sont régies par le Code civil qui encadre les contrats et certaines dispositions de la location des logements. Sans visées lucratives et en partie financées par l’État, les coopératives d’habitation sont considérées comme des logements sociaux. En France, elles ont fait l’objet d’une reconnaissance récente par la loi ALUR.
D’un ensemble immobilier délabré à une coopérative d’habitats de qualité
La coopérative d’habitation Village Cloverdale est une réalisation d’ampleur qui représente un exemple remarquable de collaboration entre la société civile, les instances gouvernementales, les élus et des équipes de professionnels.
Depuis sa construction à la fin des années 1950, le complexe d’habitations a changé de nombreuses fois de propriétaires. L’entretien de l’immeuble est réduit au strict minimum, les logements se dégradent et deviennent vacants et les locataires subissent de fortes hausses de loyer. Après plus de 20 ans de combat, les habitants du Village Cloverdale parviennent à acheter leurs immeubles selon la formule coopérative. Dans un premier temps, partiellement avec 243 logements, puis entièrement avec 491 logements supplémentaires.
Les locataires désormais coopérateurs se sont alors retrouvés face à un réel chantier architectural et humain puisque 30% des logements sont vacants et une centaine de logements nécessitent une rénovation de toute urgence. Des travaux de rénovation sont alors menés grâce à l’autofinancement, permis par la taille conséquente de la coopérative.
En constante évolution, la coopérative a entrepris une nouvelle étape dans son développement. En 2013, le Village fait l’acquisition d’un ensemble immobilier du quartier de Cloverdale et totalise alors 866 logements.
Au-delà de la prouesse réalisée autour du projet immobilier, les habitants ont réussi à créer les conditions d’un environnement de vie agréable.
La création d’un environnement social stimulant
Par sa taille et ses installations, le Village Cloverdale est une véritable ville dans la ville. La coopérative s’est engagée dans une politique d’agriculture urbaine avec la mise à disposition de jardins partagés et l’attribution d’un budget annuel à chaque logement pour l’achat de fleurs et arbustes. Les habitants bénéficient ainsi d’un cadre de vie naturel dont ils sont acteurs.
Avec plus de 4 000 habitants le Village constitue une communauté dense et hétérogène soulevant des problématiques sociales et culturelles majeures. Plus de 50% des habitants du Village ont moins de 18 ans, les jeunes constituent donc une préoccupation majeure pour la coopérative. Cette dernière à mis en place des infrastructures (terrains de sport, jeux d’eau), une offre du soutien scolaire pour les jeunes en difficulté et travaille en partenariat avec un organisme qui offre des camps de jour l’été et embauche des jeunes comme animateurs.
La délinquance a ainsi pu diminuer fortement au sein du Village qui met un point d’honneur à accompagner ses jeunes et à leur transmettre les valeurs de la coopérative.
La coopérative doit aussi prendre en compte sa mixité culturelle puisque sa communauté est constituée de plus de 50 nationalités. La diversité se manifeste principalement sur les plans linguistiques et religieux mais aussi dans les habitudes et modes de vie propres à chacun.
Afin de faire de cette mixité sociale une richesse interculturelle, le Village a créé un comité de bon voisinage qui a pour but d’entendre et de régler les différends entre habitants. Elle choisit également de soutenir des activités réunissant toutes les communautés culturelles.
Des initiatives simples qui permettent d’outiller la coopérative en termes de gestion des conflits et bon « vivre ensemble ».