Le RIM : se fédérer pour le développement des musiques actuelles
Plus de cent structures de musiques actuelles se sont fédérées en Nouvelle-Aquitaine. De la diffusion de concerts à la production de disques en passant par la création de spectacles vivants ou encore l’éducation artistique… À l’occasion de cette convergence des réseaux, le Labo de l’ESS vous parle du RIM et revient sur l’expérience du PTCE Les Interactifs.
Créé en janvier 2017, le Réseau des Indépendants de la Musique (RIM) est né de la fusion du Pôle Régional des Musiques actuelles du Poitou-Charentes (PRMA), du Réseau Aquitain des Musiques Actuelles (RAMA), de la Fédération des Éditeurs et Producteurs Phonographiques Indépendants d’Aquitaine (FEPPIA) et d’autres acteurs des musiques actuelles du Limousin. A ce titre, il englobe désormais le PTCE, Les Interactifs, initialement porté par le PRMA. Une fusion des réseaux musiques actuelles de la région dont l’objectif est de « créer un écosystème favorable à un développement équitable, coopératif et solidaire des musiques actuelles en Nouvelle Aquitaine ».
Le RIM : Une convergence des réseaux en Nouvelle Aquitaine
« Fin 2015 et dans la perspective de la fusion des Régions à l’échelle nationale, les réseaux de musiques actuelles du nouveau territoire de Nouvelle Aquitaine se sont engagés dans un processus de convergence, pour dégager une seule tête de réseau qui puisse être l’interlocuteur de la Région » explique Sarah Bambou, en charge du PTCE Les Interactifs. Avec ce changement d’échelle et la fin des financements issus de l’appel à projets interministériel et du FEDER (fonds européen de développement régional), le pôle territorial de coopération économique culturel prend fin en décembre 2017. Pour autant, « même si le PTCE ne va pas continuer en tant que tel, le RIM assure la continuité des travaux (…) pour faire perdurer l’héritage et continuer d’accompagner les adhérents. »
Pour Sarah Bambou, cette convergence n’a pas de quoi inquiéter les structures adhérentes des anciens réseaux. « Même si le PRMA [pour ne citer que lui] n’est plus, les structures ont à y gagner au travers des missions et de l’ensemble des ressources humaines du RIM, qui possède une force de frappe plus importante ». 134 adhérents sont aujourd’hui rassemblés au sein de cette nouvelle « maison commune des musiques actuelles » sur la région et œuvrent dans différents domaines, tels que le spectacle vivant, la musique enregistrée, l’éducation, la transmission et l’accompagnement artistique ou encore les médias... Parmi eux, certains étaient déjà présents au sein des anciens réseaux et d’autres ont rejoint le RIM en route. Pour autant, même si le territoire s’est élargi avec la fusion des Régions, « le RIM veillé à garantir la proximité géographique, justement en créant des postes de délégués territoriaux pour avoir des interlocuteurs au plus près des acteurs » rajoute Sarah.
En effet, le RIM s’est structuré autour d’un nouveau découpage de la Région Nouvelle Aquitaine. Cinq territoires, qui ne correspondent pas aux anciennes régions, ont été délimités : les Deux Sèvres, la Charente et la Charente Maritime d’une part, les Landes et les Pyrénées-Atlantiques d’autre part, la Gironde en troisième lieu, la Creuse, la Haute-Vienne et la Vienne en quatrième et enfin, le Lot-et-Garonne, la Corrèze et la Dordogne. Pour couvrir ces cinq territoires, le Réseau des Indépendants de la Musique a nommé un délégué territorial pour chacun d’entre eux. Une organisation qui permet de continuer à accompagner les adhérents dans des dynamiques de coopérations territoriales et de stratégies locales.
Le PTCE Les Interactifs : l’intelligence économique adaptée au secteur culturel
Le PTCE Les Interactifs, initialement porté par le PRMA, est né en 2014 lors de l’appel à projet en faveur des pôles territoriaux de coopération économique dont il a été lauréat. Il est défini, par Sarah Bambou, comme « un regroupement d’entreprises de la filière des Musiques Actuelles qui, en association avec des entreprises d’autres filières économiques, des collectivités territoriales, l’Etat, des laboratoires de recherche, etc., ont décidé d’utiliser les outils de l’intelligence économique pour renforcer les coopérations entre elles et avec les autres acteurs de leur territoire afin d’assurer la pérennité et le développement de leurs structures et de consolider leurs emplois. »
Une démarche d’intelligence économique collective a donc été mise en œuvre avec 7 structures, dans les Deux Sèvres, dans le cadre d’une expérimentation de deux ans ; et avec 5 structures en Charente et Charente-Maritime dans le cadre d’un essaimage de la démarche amorcé en mars 2017. Il s’agit d’une « approche qui consiste à considérer l’information comme une richesse stratégique pour l’entreprise » et qui repose sur deux piliers, explique Sarah : la veille stratégique, tout d’abord, vise à collecter, analyser et diffuser des informations susceptibles d’avoir un impact sur le développement stratégique de la structure, puis, l’influence, qui a pour objectif de modifier favorablement les interactions des entreprises avec leur environnement. Si « la santé économique des adhérents peut-être mise en péril par un défaut d’anticipation et d’ancrage territorial », l’intelligence économique est là pour « aider à renforcer la pérennité et le développement de ces structures ainsi que leurs emplois ».
Le développement de cette intelligence économique collective, dans le cadre du PTCE, vise trois objectifs mis en avant dans la fiche descriptive constituée par Sarah Bambou :
- Autonomiser les entreprises des musiques actuelles dans la construction d’une stratégie de développement sur le long terme afin de pouvoir anticiper les mutations qui pourraient les mettre en péril et saisir des opportunités de développement.
- Favoriser les coopérations entre les réseaux des musiques actuelles au travers d’une mutualisation des services, des moyens, des projets et des informations.
- Développer l’interconnaissance et les coopérations avec les autres acteurs du territoire (…) pour un ancrage territorial et une hybridation des ressources.
Un projet qui se termine, mais un héritage qui continue
A la question qui consiste à se demander pourquoi le RIM ne s’est pas substitué aux Interactifs pour devenir le nouveau PTCE de la région, Sarah Bambou répond par « la pertinence de l’échelle territoriale ». Selon elle, « l’échelle de la région n’est pas forcément adaptée pour la mise en œuvre d’un PTCE » dans le sens où la coopération est forcément plus compliquée dans un territoire plus grand (coût de déplacements et coûts liés au temps passé en déplacement). Pour autant, l’expérience est là, capitalisée et essaimée, pour favoriser l’action collective, à plus grande échelle, dans le secteur culturel.
L’apport du PTCE n’est pas négligeable. Le développement de l’intelligence économique a notamment permis un nouveau positionnement des organisations culturelles concernant leur rôle économique. Si « [au départ, le mot économique [leur] a fait plus ou moins peur » explique Sarah, les choses sont aujourd’hui en train de changer. Un nouveau discours se met en place : « Oui nous sommes des acteurs culturels, mais nous créons aussi de la richesse économique et à ce titre là nous sommes également des acteurs économiques. » Un nouveau positionnement qui a pour conséquence une inflexion positive du regard des acteurs institutionnels : « puisque les structures changent de regard sur elles-mêmes, elles amènent également leurs interlocuteurs à adopter ce nouveau regard. »
Ainsi, le pôle territorial de coopération économique Les Interactifs a enclenché la prise de conscience de l’intérêt de l’intelligence économique pour ajuster les stratégies de développement, un réflexe de partage de l’information et une meilleure compréhension de leur environnement. Cette démarche a également favorisé et renforcé les coopérations entre les acteurs des musiques actuelles. En février 2017, trois structures des Deux Sèvres ont ainsi lancé un DLA (Dispositif Local d’Accompagnement) collectif pour approfondir les partenariats qu’elles ont tissés dans le cadre du PTCE.
Crédits : le RIM
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