Coopérative Oz : l’entrepreneuriat au service de la culture
Et si l’on dépassait l’opposition historique qui existe entre salariat et travail indépendant ? Créée en 2015 dans les Pays de la Loire, Oz propose un nouveau visage de l’emploi grâce à son modèle innovant : une coopérative d’activités et d’emploi (CAE). Dédiée aux métiers artistiques et culturels, elle permet aux acteur·rice·s du milieu d’entreprendre en collectif. Récit d’une initiative inspirante.
Vers un modèle indépendant coopératif
Le projet est né d’un constat des collectivités territoriales et des acteur·rice·s de la culture de la région : un besoin d’accompagner les projets artistiques et culturels à se structurer. La diversité des statuts, la complexité des appels d’offre, les tâches administratives et juridiques peuvent constituer un poids lourd pour un travailleur indépendant.
En 2014, Clémence Ménard porte alors une étude de préfiguration sur le sujet aux côtés des CAE généralistes du territoire (CDP 49, Ouvre Boîtes 44, SCOP If). Il est plus que jamais nécessaire d’apporter une réponse novatrice aux défis et enjeux sociétaux que rencontrent les artistes et les acteur·rice·s culturels. Un an après le début de l’étude, elle co-fonde la coopérative Oz avec Marc Martinez, gérant de la SCOP If, sous le statut de société coopérative et participative (SCOP).
L’idée ? Proposer un modèle indépendant coopératif et mieux protégé. Plutôt que de créer leur propre entreprise, les intéressé·e·s peuvent soumettre leur candidature afin d’intégrer l’incubateur pour devenir salarié·e de la coopérative existante. « Oz développe un incubateur pour servir la phase test d’un projet, puis elle permet à l’entrepreneur·euse de devenir « entrepreneur·euse salarié·e » si son activité dégage assez de chiffre d’affaires. La loi ESS 2014 oblige l’entrepreneur·euse à faire une demande au sociétariat au bout de 3 ans (phase test comprise) dans la coopérative. » explique Delphine Guion, directrice et responsable développement et accompagnement chez Oz. Tout en préservant leur autonomie, la CAE permet à l’entrepreneur·euse salarié·e de sortir de l’isolement, aussi bien en matière de quotidien que de collectifs de représentation.
Grâce à la mutualisation des ressources et des compétences, ils peuvent se doter d'outils difficilement accessibles individuellement tels que la comptabilité ou l’expertise juridique et sociale. Chez Oz, ils bénéficient d’un accompagnement individualisé par une équipe d’appui. Elle leur offre un cadre juridique et administratif, et les aide au développement et à la communication de leurs activités. « Pour financer le fonctionnement de la coopérative, nous prenons 11% du chiffre d’affaires que les entrepreneur·euse·s vont réaliser au sein de la coopérative » précise Delphine.
« La coopérative Oz témoigne d’un nouveau mode d’entreprendre local et humain. Je suis convaincue que ses missions de renforcement social, d’humanisation de l’économie, d’éducation citoyenne en font l’une des clés des transitions économique et solidaire. C’est une forme de réponse adaptée et durable. »
« Coopérer pour entreprendre »
« Les CAE des Pays de la Loire, généralistes ou spécialisées, ont toutes été adhérentes au réseau Coopérer pour entreprendre. Aussi, nous avons créé ensemble une association locale qui nous permet de conserver des liens sur nos pratiques, nos actualités, nos difficultés et nos réussites. Nous avons également des liens réguliers avec les CAE spécialisées dans les métiers artistiques et créatifs de France. Aujourd’hui, nous sommes huit et nous nous réunissons une fois par mois. C’est important de partager nos parcours car nous avons la même dimension économique ».
Pour l’heure, la coopérative est implantée à Angers, Nantes et Saint-Nazaire. L’équipe évolue dans des tiers-lieux ou bureaux partagés avec d’autres structures de l’économie sociale et solidaire (ESS), et de la culture. La question du foncier est actuellement délicate, comme c’est souvent le cas pour les structures de la culture et, pour le moment, il est impossible d’accueillir l’ensemble des entrepreneur·euse·s salarié·e·s au sein d’un même lieu. « Stéphane Bossuet, président du réseau Coopérer pour entreprendre, dit que « le lieu est un impensé de la coopérative d’activité d’emploi », et nous l’expérimentons au quotidien. Avec un lieu, il y aurait davantage de rencontres et de création d’opportunités. » ajoute Delphine.
Une fois par an, l’équipe tente d’organiser un événement qui permet de réunir son réseau et de réfléchir collectivement. En mars 2023, un Hackathon s’est déroulé au château de la Turmelière. Le but était de « démontrer que les talents individuels peuvent transformer le secteur artistique et culturel en se regroupant afin de concevoir des offres collectives ». L’événement était ouvert à toutes et tous et a permis de faire germer de beaux projets !
Pour aller plus loin :
- Découvrez le site internet de la coopérative Oz
- Les travaux du Labo de l'ESS sur les nouvelles formes d'emploi
- Les travaux du Labo de l'ESS sur la culture & l'ESS