Bienvenue à la Chartreuse de Neuville, lieu expérimental et innovant porteur de lien territorial !
Inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, la Chartreuse de Neuville est un magnifique lieu chargé d’histoire. Située au cœur d’un territoire rural, à une vingtaine de minutes de la touristique Côte d’Opale et à moins de 2h30 de 4 métropoles européennes, elle est depuis 10 ans le théâtre d’un projet qui mêle de concert patrimoine, inclusion, culture, innovation, réflexion et mixité sociale. Véritable terrain fertile d’expérimentation et moteur du territoire, partez en immersion à La Chartreuse de Neuville, projet territorial aussi innovant qu’inspirant !
Immense bâtiment de 18 000 m2, la Chartreuse de Neuville tombe à l’abandon au XXème siècle, après avoir été tour à tour un monastère, un phalanstère d’artistes et un hospice-asile ie. Si les communes alentour aimeraient voir ce bâtiment restauré, aucune n’a les moyens financiers de se lancer dans un projet d’une telle envergure. Dans les années 2000, le hasard permet à un architecte épris du lieu et à un noyau de personnes désireuses de s’attaquer au projet d’imaginer ensemble un montage financier sur une base de partenariat public-privé avec une partie société civile1 à une époque où ce modèle est « très innovant sur le plan de son montage et précurseur sur un projet de telle envergure » raconte Alexia Noyon, directrice de la Chartreuse, investie depuis l’origine du projet. Si ce modèle économique s’est avéré très complexe à mettre en place, « il nous a appris énormément et nous sommes aujourd’hui en train de dessiner un montage qui puisse être duplicable dans d’autres grands patrimoines en France » poursuit Alexia Noyon, heureuse du parcours accompli !
La Chartreuse de Neuville est un lieu hors du temps, où l’on vient « à la rencontre entre des mondes différents pour essayer d’œuvrer à une société plus inclusive, porteuse d’avenir et qui permette à chacun d’y entreprendre et d’y trouver sa place » révèle la directrice qui précise aussi que l’actuelle vocation du lieu - œuvrer à une société plus inclusive - est fortement en résonnance avec son passé et « que c’est ce qui nous a permis d’accrocher nos gros partenaires qui sont venus pour la force du projet qui fait sens avec le lieu ».
Des actions complémentaires entre culture, réflexion, apprentissage et ouverture sur le monde
La Chartreuse est organisée en trois pôles complémentaires dont les activités se construisent chaque année autour d’une thématique sociétale choisie en écho avec le lieu : en 2019 par exemple, la question de l’entrepreneuriat2 a été fil conducteur des activités, en 2020 c’est « L’aide aux aidants et personnes fragilisées » qui infuse l’ensemble de la programmation.
Le premier pôle, appelé « Création et patrimoine » relève de toutes les activités classiques d’un monument historique : visites du lieu et des jardins, ateliers éducatifs pédagogiques et accompagnement des classes, programmation culturelle et artistique, résidences d’artistes et auteurs en lien avec la thématique annuelle. Cette programmation culturelle très dynamique et ouverte sur le monde est « extrêmement important en milieu rural, afin que les jeunes puissent se développer et faire des études car, il y a une grande disparité en termes d’accès à la culture et d’ouverture au monde entre un territoire rural et un territoire urbain. » déclare Alexia Noyon.
Basé sur « l’innovation sociétale », le second pôle repose sur l’accueil de séminaires externes et l’organisation de formations pour les entreprises sur le management agile, le développement de projets hybrides (privés, publics et/ou associatifs) ou d’entrepreneuriat sociétal. C’est ici aussi que la thématique annuelle choisie prend tout son sens puisqu’elle se décline selon une programmation de rendez-vous liés à l’innovation : de simples réunions ou débats locaux appelés les Voies au chapitre jusqu’à l’organisation des Rencontres annuelles auxquelles participent aussi bien des dirigeants d’entreprises et décideurs publics nationaux que des étudiants de la région, « ce qui est très important dans un territoire rural car j’ai pu m’apercevoir qu’il y avait un vrai barrage vers les études supérieures pour les jeunes issus de territoires ruraux car les écoles sont très sélectives, notamment sur les questions culturelles » insiste la directrice. Un incubateur de projets entrepreneuriaux hybrides répondant à des enjeux de développement inclusif complète cette offre en permettant l’accompagnement de projets concrets et/ou innovants portés par des acteurs du territoire ou au-delà. 4 projets sont actuellement incubés.
Le pôle « Formation et insertion » vient compléter le projet avec la mise en place de plusieurs parcours d’insertion possibles pour « que chacun puisse trouver son chemin ». Les jardins par exemple, sont entretenus par cinq structures de personnes fragilisées qui vont de l’IME3 jusqu’à l’EPHAD4. Une dizaine de personnes en insertion aide par ailleurs pour entretenir le bâtiment ou faire du petit bricolage. « On forme également, puisque la Chartreuse accueille chaque année des jeunes en service civique et des stagiaires, ce qui leur permet d’avoir un petit revenu et une expérience professionnelle » indique Alexia Noyon. De plus, des organismes de formation externes prennent le lieu comme terrain d’application pour diverses formations comme par exemple agent de restauration traiteur ou maintenance bâtiment. Venir à la Chartreuse, que l’on soit en service civique ou en insertion, est idéal puisque « ce n’est pas comme un simple lieu de formation car on y croise à la fois le grand public, des artistes en résidence, des entreprises qui sont en séminaires, d’autres personnes en formation…ce qui permet de mettre un pied dans la vie réelle et de créer de la mixité ! » spécifie la directrice, fière du parcours accompli en dix ans d’actions.
Avec une équipe permanente d’une dizaine de personnes, une centaine de bénévoles et une soixantaine de personnes fragilisées qui s’y impliquent, la Chartreuse dispose également d’un conseil d’administration qui, à l’image du lieu, se veut ouvert et partagé. Quatre commissions d’orientation sur les piliers d’action composées aussi bien de bénévoles, techniciens de collectivités, personnes en insertion…qui permettent de co-construire des projets et une Assemblée Générale avec 4 collèges de membres : les membres fondateurs, les personnalités qualifiées, les membres actifs et les membres publics (État, région et département). « On est d’ailleurs arrivé au bout de 10 ans à ce que tout le monde soit uni autour du projet au-delà des clivages politiques et publics/associatifs/privés ! » s’enthousiasme Alexia Noyon.
Un lieu moteur de territoire
L’année 2020 marque aussi la poursuite des travaux sur le site puisque depuis sa création et les nombreuses embûches financières auxquelles l’équipe de la Chartreuse a été confrontée, les travaux de rénovation du bâtiment n’ont pas encore pu aboutir. Seuls les bureaux des salariés sont d’ailleurs chauffés à l’année, pour le reste il est encore nécessaire de demander des autorisations et de tirer des câbles.
La Chartreuse est donc ouverte aux visiteurs entre avril et octobre seulement et attire quand même 17 000 visiteurs à l’année dont 40% viennent des seuls Hauts-de-France ce qui conforte son rôle de moteur du territoire. « Sans le faire exprès, avec toutes nos activités, on a renoué avec le rôle phare que jouaient les abbayes et monastères par le passé, ce qui nous permet de redevenir facteur d’attractivité, de rayonnement et facteur de fierté aussi, ce qui est souvent un gros problème dans les territoires ruraux » déclare la directrice qui termine en précisant que l’essentiel est que, dix ans après, la vision de départ du projet soit la même grâce notamment à un noyau dur de personnes qui ont su garder le cap !
Rédaction : Sophie Bordères
Photos : La Chartreuse de Neuville
Pour aller plus loin :
- Consultez nos travaux sur la Culture
- 1La moitié de la Chartreuse était achetée par des investisseurs privés pour en faire un hôtel. Ces investisseurs s’engageaient cependant à revendre leurs parts sous une vingtaine d’année sans aucune plus-value à la partie associative du lieu. L’autre moitié était ainsi détenue par une association créée pour y développer des activités d’intérêt général et y développer des services
- 2« S’entreprendre : ouvrir le monde »
- 3Institut Medico-Educatif
- 4Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes