Association Communautaire Santé Bien Être : la santé pour toutes et tous !
L’Association Communautaire Santé Bien Être (ACSBE) a pour rôle de contribuer à l’amélioration de l’accessibilité aux soins des habitant.e.s du quartier Franc-Moisin/Bel Air à Saint-Denis (93). Réel acteur de proximité, l’association accompagne les patient.e.s sur les problématiques de droits à la santé et favorise le lien social en mettant en place de réels espaces et ateliers collectifs d’échanges et de bien-être grâce à une équipe pluri-disciplinaire et motivée. Emilie Henry, sa directrice, nous présente ce projet de longue date aujourd’hui souvent pris en exemple.
Droit à la santé et lien social à l’origine du projet
Implanté dès le début des années 1990 au cœur de Saint-Denis (93) dans le Quartier Politique de la Ville (QPV) Franc-Moisin/Bel Air, l’Association Communautaire Santé Bien Être (ACSBE) est née dans le sillage de la première politique de la ville qui a réalisé sur plusieurs années un diagnostic communautaire de santé et l’impact sur les habitant.e.s. « Il a rassemblé de nombreux acteurs dont des médecins généralistes installés sur le quartier qui pratiquaient déjà la médecine dite sociale, à savoir, partir du postulat que les déterminants sociaux jouent un rôle important sur la santé et sur le bien-être plus général » explique Émilie Henry, directrice de l’association. Ces derniers travaillaient en lien avec les nombreuses associations présentes sur le territoire et les habitant.e.s.
La création de l’ACSBE résulte donc de ce terreau fertile pré-existant. Elle a été créée pour structurer et valoriser le travail sur l’accès aux droits et la promotion de la santé qui existait de manière informelle et pour venir compléter la prise en charge médicale menée par les différents médecins généralistes du quartier.
Ses activités principales s’organisent alors autour des droits et de la promotion de la santé. L’association organise des ateliers liés à la santé, aide les habitant.e.s dans leurs démarches d’ouverture de leurs droits à la santé et réalise un accompagnement individuel dans les démarches administratives ou les relations aux institutions sanitaires grâce à la présence de médiatrices.
En parallèle de l’accompagnement individuel, l’association met un point d’honneur à favoriser le lien social et la convivialité. Sur ce territoire qui, par le passé, a connu une vie associative foisonnante, l’ACSBE cherche à maintenir et raviver les réseaux informels de solidarité pour faire face aux nombreux cas de personnes en situation d’isolement sur le territoire. « On a voulu créer des espaces de convivialité pour engendrer du collectif et de l’entraide ce qui fait que les gens ne vont pas seulement venir chez nous pour des demandes d’appui et de service » raconte la directrice en ajoutant que l’ACSBE cherche ici à créer « des solidarités et de « l’empowerment » pour que les personnes aient la capacité de trouver des ressources en dehors de la structure et du lien aux professionnels. »
Entre prise en charge, accompagnement et lien social : un lieu ressource pour le territoire
A la fin des années 2000, la génération des médecins exerçant sur le quartier s’approche de la retraite. Ces derniers réfléchissent à la continuité de leur pratique de la médecine sociale sur le territoire mais se heurtent à des difficultés pour trouver des repreneurs. Heureusement, de jeunes médecins ayant pour la plupart réalisé leur internat aux Franc-Moisin désirent poursuivre l’activité mais sous une forme différente. Ils travaillent donc de concert avec la petite équipe motivée de l’ACSBE et créent, en 2011, le centre communautaire de La Place Santé porté par l’association dont tous deviennent salariés. L’équipe compte depuis une vingtaine de personnes et base son modèle économique pour moitié sur les revenus d’activité des consultations. L’autre moitié provient des subventions de divers partenaires (ARS, Conseil départemental, Politique de la Ville, Ville de Saint Denis, Fondation de France…).
Avec la création du centre communautaire, un projet associatif plus large se développe autour de plusieurs activités.
La première est l’offre de soins de médecine générale et de gynécologie « avec des consultations sur rendez-vous et d’autres en urgence pour faciliter l’accès aux soins et d’être sur quelque chose de très ouvert » précise Émilie Henry.
Le second axe fort du projet réside dans le développement du service de médiation santé comme vrai outil de soin. Lorsque les médecins font face à des patients aux situations complexes, ils mettent en place un suivi conjoint avec les médiatrices. Ces dernières font un travail de facilitation de la compréhension de la prescription et du parcours de soin car « nous sommes dans un système de santé administrativement assez complexe, et encore plus pour des personnes éloignées du soin ou qui maitrisent assez mal la langue française » affirme la directrice. Les médiatrices sont parfois même amenées à accompagner les patients aux situations les plus complexes à l’extérieur du centre pour faciliter au maximum les démarches auprès de l’assurance maladie, des bailleurs sociaux ou des services sociaux de la ville.
Le troisième axe repose sur l’amplification des ateliers collectifs pour développer les liens sociaux et agir sur les situations d’isolement de bon nombre des patient.e.s du centre. Pour ce faire, l’ACSBE organise entre autres des ateliers d’activité physique adaptée qui sont prescrits par les médecins, des ateliers de musicothérapie permettant de se libérer « du mal être un peu diffus lié à l’imbrication de problématiques sociales et médicales » et même des ateliers d’estime de soi menés par une psycho socio esthéticienne.
Ces actions de terrain sont articulées avec un travail de plaidoyer réalisé par l’association sur les questions d’accès aux droits de santé. Pour sa dernière bataille en date, l’ACSBE tirait la sonnette d’alarme auprès des institutions pour une meilleure identification et articulation des acteurs du territoire. « L’ACSBE était identifié comme une ressource donc on voyait les gens arriver avec toutes sortes de demandes – comme aider à faire un CV ou remplir une déclaration d’impôts – qui dépassaient complètement notre champ de compétence. » raconte Émilie Henry. Ils commencent à avoir gain de cause puisqu’ils ont obtenu des permanences d’écrivain public supplémentaire sur le quartier et sont, d’après la directrice « dans une situation qui s’améliore et nous permet de rester sur l’objet social pour lequel nous avons une plue value ».
Une assemblée des habitant.e.s a de plus été créée au sein de l’ASCBE pour travailler collectivement sur des projets de santé à l’échelle du quartier. Ils choisissent les problématiques sur lesquelles ils souhaitent travailler comme le manque de médecins. Récemment, l’assemblée a décidé de mettre en place une pétition pour demander à la Mairie et au bailleur social de favoriser l’accès à des locaux de la ville pour y implanter de nouveaux médecins. Cependant, la crise sanitaire du Covid-19 est arrivée et avec elle le report de ces activités.
La proximité : un atout majeur en tant de crise sanitaire
Avec la crise sanitaire, l’association et le centre de santé restent ouvert et une nouvelle organisation s’est rapidement mise en place avec un gros travail téléphonique pour éviter l’afflux. Sur place, on trouve un circuit organisé spécifiquement pour les patients présentant des symptômes du Covid-19 et un autre circuit pour continuer à recevoir les patients sur rendez-vous sans que ces deux types de patient.e.s ne se croisent.
Des vidéos pédagogiques sont régulièrement mises en ligne sur les réseaux sociaux de l’association pour expliquer l’évolution de la prise en charge ou les gestes barrières. Elles permettent de garder un lien avec les patient.e.s et de les rassurer. Pour la directrice : « notre constat par rapport à ce que l’on entend et ce que l’on observe c’est que la proximité est un élément majeur. Les gens continuent à venir chez nous et nous continuons à communiquer. » Le fait d’être un centre pluri-professionnel joue également beaucoup sur la bonne organisation en temps de crise puisque « tout le monde se colle un peu au tri téléphonique, on est assez nombreux et on permet au médecin de continuer à fonctionner » confirme Émilie Henry.
Cependant, malgré sa longue présence sur le territoire et la forte reconnaissance de l’association par les différents acteurs, elle souffre d’une grande précarité de moyens et peine chaque année à boucler son budget. Heureusement, les retours des habitant.e.s sont là pour redonner le sourire aux salariés « quand on arrive à embarquer des gens dans notre projet alors que ce n’était pas gagné, c’est très gratifiant d’autant plus quand on arrive à une forme de mobilisation citoyenne, qui est pourtant un de nos objectifs à long terme » s’enthousiasme la directrice.
Réel acteur de son territoire, à la croisée entre santé, bien-être et lien social, l’ACSBE joue également un vrai rôle politique pour défendre une santé de qualité et de proximité. Prenons exemple !
Rédaction : Sophie Bordères
Crédits photos : ACSBE
Pour aller plus loin :
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