Cyril Kretzschmar
Accélérons la prise de conscience des élus locaux pour la transition énergétique citoyenne
A travers son implication dans des réseaux institutionnels et/ou militants tels que l’Assemblée des Régions de France, le Réseau des Territoires de l’Economie Solidaire ou le Labo de l’ESS, les Conseils régionaux ont pu apporter leur contribution au chantier de la transition énergétique citoyenne. Ce chantier est un impératif, partagé aujourd’hui par beaucoup d’élus régionaux. C’est aussi une vraie épreuve, un processus d’appropriation relativement long pour les Régions. C’est enfin une preuve par l’exemple, à travers les nombreux engagements de terrain portés par les collectivités.
Nul n’est besoin d’insister sur l’impérieuse nécessité de la transition énergétique aujourd’hui. Il n’est toutefois pas inutile de rappeler que celle-ci s’intègre dans un enjeu plus global, celui de la transition écologique de l’économie. Il ne s’agit pas uniquement, en effet, de passer d’une énergie fossile à une énergie renouvelable pour préserver les générations futures. C’est le modèle économique tout entier qu’il faut réviser : s’interroger sur le pourquoi et le pour quoi, et pas seulement sur le comment. Ce sont tout autant les générations actuelles qu’il faut préserver, face à l’urgence climatique et de la biodiversité. Les élus locaux, et notamment régionaux, partagent largement ces constats et cherchent à peser sur les changements nécessaires. Comme on l’a vu lors du sommet Climat et territoires préparatoire à la COP 21 à Lyon début juillet, les collectivités ne sont pas en reste : Agenda 21 locaux, Plans Climat Energie Territoriaux, Schémas Régionaux Climat Air Energie, Programmes Emplois Verts, Schémas Régionaux de Cohérence Ecologique… Nombreux sont les dispositifs publics portant l’engagement des collectivités locales dans la transition.
Les citoyens doivent être concernés et mobilisés
Le citoyen se sent-il concerné pour autant ? Les élus eux-mêmes ont-ils conscience qu’au delà de l’action publique, c’est aussi et c’est surtout au public d’être acteur de la transformation de la société ? Pour les Régions, c’est une vraie épreuve, un vrai chemin que la révélation du pouvoir citoyen. Alors qu’ils disposent d’outils de plus en plus influents sur l’énergie, l’environnement et l’économie, les Conseils régionaux restent encore peu conscients de leur rôle en matière d’activation citoyenne. Leurs budgets en matière de démocratie participative restent ridiculement faibles ; leurs politiques de soutien à l’économie sociale et solidaire sont elles mêmes très institutionnelles, prises au piège de la relation avec les grands réseaux de l’ESS et peu en capacité d’ouvrir de vrais espaces d’innovation sociale et citoyenne. La question de la transition énergétique, et encore plus écologique, reste de fait peu travaillées entre les collectivités et les acteurs de l’ESS. L’insertion par l’activité économique impliquée de très longue date dans la collecte et le recyclage des déchets, a établi les premiers liens entre économie sociale et économie circulaire. Les premières structures coopératives de production ou d’achat énergétiques sont nées voici quelques années à peine. Les collectivités s’investissent encore peu dans de tels champs de la transition, elles qui conservent une conception encore assez classique de leur rôle vis à vis des initiatives citoyennes et du poids de l’ESS dans celles-ci.
L’initiative du Labo de l’ESS autour de la transition énergétique citoyenne arrive à point nommé pour accélérer les prises de conscience et les initiatives des élus locaux, et notamment régionaux. Les avancées dans ce domaine sont encore trop peu nombreuses et elles sont à conforter et à valoriser. En Rhône Alpes, le soutien régional à la démarche Territoires à Energie POSitive, TEPOS, est un bel exemple de levier citoyen, de même que la prise de participation au capital de la SCIC ENERCOOP par le Conseil régional. Citons aussi le soutien au Pôle Territorial de Coopération Économique ALPEN, à Grenoble centré sur l’appui à la réduction de la facture énergétique des habitants de logements sociaux, ou encore l’appui à la constitution de fermes villageoises photovoltaïques sous forme coopérative en milieu rural dans le Pilat. Enfin la démarche DOREMI initiée dans le Val de Drôme par les artisans et l’intercommunalité, autour de groupements d’entreprises dédiées à la rénovation énergétique des bâtiments, se diffuse maintenant en Rhône Alpes grâce au soutien de la Région. Ces projets font directement écho aux propositions du Labo et articulent dynamiques citoyennes, portage sous forme ESS et appui politique des élus régionaux. Trois composantes essentielles à la réussite de cette transition si nécessaire.