[Regards croisés] Hugues Deniele, trésorier de la CRESS Hauts-de -France
En juin 2019, la Banque de France, ESS France et le Conseil National des Chambres de l’ESS (CN CRESS) signaient une « Charte de Tiers de Confiance avec les instances représentatives de l’économie sociale et solidaire » visant à optimiser le dispositif de Médiation du crédit aux entreprises pour les structures de l’ESS au niveau national et territorial. Depuis, un travail est engagé avec les CRESS pour qu’elles deviennent « Tiers de confiance » de la Médiation et accompagnent les acteurs de l’ESS dans leurs démarches.
Dans une région où l’ESS représente 11% du PNB régional et 11% des effectifs, la CRESS Hauts-de-France est l’instance représentative de l’ensemble des acteurs de l’ESS. Aujourd’hui dans une démarche d’ouverture vers le monde économique pour fédérer de manière plus transversale, elle est l’une des premières à avoir accepté de devenir « Tiers de Confiance » de la Médiation. Son ambition, au-delà du simple dispositif de Médiation, est d’être mieux connue et reconnue comme chambre représentative de l’ESS et de faire en sorte que tous ses adhérents aient le réflexe de se tourner vers elle lorsqu’ils en ont besoin.
Rencontre avec Hugues Deniele, trésorier de la CRESS Hauts-de-France et jeune retraité du secteur bancaire mutualiste, qui nous raconte comment la CRESS envisage cette nouvelle attribution.
Le Labo de l’ESS – Comment la CRESS Hauts-de-France voit-elle l’extension de la Médiation du crédit aux entreprise de l’ESS ?
Hugues DENIELE : cette extension de la Médiation du crédit aux entreprises de l’ESS est un signal positif fort envoyé au monde de l’ESS et une vraie reconnaissance de notre secteur, notamment de la part de la Banque de France. Cependant, les structures de l’ESS ne sont pas encore conscientes de la possibilité de saisir la Médiation du crédit car l’information n’a pas encore été assez portée dans ce milieu et les entreprises de l’ESS ne se sont pour le moment pas saisies de cet outil.
À la CRESS Haut de France, nous devons nous approprier ce dispositif pour pouvoir le porter en le déclinant sur différents axes de travail. Nous allons communiquer auprès de nos adhérents. Il faudra ensuite que nos adhérents, notamment les têtes de réseaux, le prennent à leur compte et puissent communiquer à leur tour si nous voulons être efficace sur la transmission des informations. Il faut ajouter à cela un travail conséquent de pédagogie pour faire comprendre la finalité du dispositif et de son mode opératoire : un dispositif assez simple à utiliser où les informations passent par le canal d’un minimum de personnes avec une neutralité et une confidentialité assurée.
Le Labo de l’ESS – Où en êtes-vous dans la mise en place de votre rôle de « Tiers de Confiance » de la Médiation et comment l’envisagez-vous au niveau de la CRESS Hauts-de-France ?
Hugues DENIELE : nous ne sommes pas encore opérationnels dans notre rôle de « Tiers de Confiance » mais sommes en réflexion au niveau du Conseil d’Administration. Ce qui est important pour nous c’est vraiment la neutralité du dispositif et son portage par la Banque de France et la communauté bancaire. Nous pouvons ainsi pleinement jouer un rôle de relais de cette neutralité. Cependant, cette thématique de « Tiers de Confiance » est complètement nouvelle pour nous et nous devons pousser notre démarche pour l’approprier et la mettre en place.
Je pense également qu’il faudrait élargir notre communication : il faut bien sûr entrer par le prisme du dispositif de Médiation du crédit puis expliquer plus largement aux structures de l’ESS les possibilités d’accompagnement qui sont comprises dans les missions de la Banque de France et dont elles peuvent se saisir. Ce sujet devra être porté par l’ensemble de la CRESS Hauts-de-France : à la fois son équipe et le Conseil d’Administration.
Le Labo de l’ESS – Comment faire pour que la Médiation du crédit s’adapte au mieux aux spécificités des entreprises de l’ESS ?
Hugues DENIELE : Même si les étapes de la Médiation du crédit sont les mêmes pour les entreprises « classiques » et les structures de l’ESS, il faudra quand même que le dispositif prenne en compte les caractéristiques de l’ESS où il existe des structures de taille très variée avec des métiers très différents. De plus, les structures de l’ESS ont souvent un modèle où la gouvernance est très prégnante sur les décisions à prendre. Il faudra aussi s’adapter aux spécificités des structures qui peuvent avoir des activités cycliques comme par exemple pour les associations de solidarité qui doivent mobiliser des équipes et des moyens plus nombreux sur les mois d’hiver pour faire face à l’augmentation du nombre de personnes à la rue.
La deuxième chose pour que le dispositif de Médiation soit bien utilisé par les structures de l’ESS qui en ressentiraient le besoin c’est qu’il faut, en plus des annonces qu’il y a eu au niveau national, décliner le dispositif en région voire même à une échelle plus locale car les réalités sont différentes : ce qui se passe à Dunkerque n’est pas forcément transposable à Amiens. Ainsi, chaque CRESS doit s’approprier le dispositif et le décliner à sa manière sur le territoire en fonction de ses acteurs car la problématique de la Médiation du crédit est avant tout un problème de proximité. La réflexion autour du retour au territoire est l’une des préoccupations fortes de l’ESS aujourd’hui et cela doit transparaître aussi dans les possibilités de financement pour les structures de l’ESS !
Propos recueillis par Sophie Bordères
Photos : Unsplash
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