OpenStreetMap ou la création de contenu collaborative et citoyenne
OpenStreetMap (OSM) est le pionnier de la cartographie collaborative et libre sur le web. Son but est de constituer une base de données géographiques libre du monde (permettant par exemple de créer des cartes sous licence libre), en utilisant le système GPS et d’autres données libres. Il a été initié en juillet 2004 par Steve Coast au University College de Londres.
Aux origines du projet OpenStreetMap, la liberté des données. Gaël Musquet, porte-parole d’OSM France, rappelle souvent qu’il est avant tout un « libriste » (personne attachée aux valeurs éthiques véhiculées par le logiciel libre et la culture libre en général). Cet attachement à la liberté des données prend racine dans une conception particulière du citoyen, qui parce qu’il contribue à la marche de la société devrait, en retour, avec accès aux données produites notamment par les administrations de son pays. Steve Coast a ainsi fondé OSM en réaction à l’impossibilité de disposer librement des données cartographiques produites avec l’argent de ses impôts entre autres. Dans un entretien accordé à Data Publica, Gaël Musquet affirme clairement que ce qui sépare OpenStreetMap de Google Maps ou de Mappy est la liberté. « OpenStreetMap ne se limite pas à un fond cartographique, c’est une base de données. Le fait que cette base de données soit exploitable librement donne toute possibilité à la réexploitation et l’application d’idées des développeurs. La liberté, c’est aussi la liberté d’écriture. ».
Comme dans le cas de Wikipedia et d’autres initiatives libres et collaboratives, la liberté des données est à la fois un principe d’action et un levier d’innovation et d’efficacité. Le discours de Gaël Musquet rappelle celui des fondateurs de Wikipédia. « C’est un devoir de redonner toutes ces informations au citoyen, l’Etat et Google ne doivent pas en avoir le monopole. Sans logiciel libre, pas d’Internet ; sans données libres, pas de GPS, rappelle-t-il. Une carte ouverte favorise aussi l’émergence d’un écosystème d’innovation. Industriels et start-up peuvent récupérer ces données pour créer de nouveaux services et parfois améliorer la carte. C’est un cercle vertueux » .
L’ouverture des données va également de paire avec une démarche citoyenne, porteuse d’innovation sociale. L’internationalisation des cartes en est un bon exemple. « Qu’un pays ou une ville ait la possibilité d’avoir une carte avec des données cartographiques dans plusieurs langues est un avantage dans la production de services à destination de toutes les populations. Dans toutes les langues, mais aussi dans tous les alphabets, jusqu’au braille. L’avantage d’OpenStreetMap c’est ça : c’est un vivier de contributeurs, avec un besoin identifié sur une problématique territoriale, linguistique voire médicale. Ainsi on nous a sollicités pour créer des cartes des bruits ou des odeurs afin que les personnes malvoyantes, non-voyantes ou handicapées puissent disposer de données cartographiques mobilisant d’autres sens que le toucher ou la vue. »
Aujourd’hui, OpenStreetMap compte plus de 640 000 contributeurs à travers le monde, dont plus de 10 000 en France, issus d’horizons très divers : des retraités passionnés de cartographie, des étudiants, des mouvements de cyclistes, des personnes qui s’intéressent aux transports, à la citoyenneté et aussi beaucoup de « wikipédiens ». Un certain nombre d’acteurs du numérique et d’industriels plébiscitent la plateforme pour sa précision et sa richesse. Le service a aussi démontré son utilité dans la gestion des crises humanitaires, à travers son groupe humanitaire « Humanitarian OpenStreetMap Team » (HOT). Lancé à la suite du tremblement de terre en Haïti, le groupe poursuit dès lors sa collaboration avec diverses ONG humanitaires et agences de l’ONU pour soutenir les organisations humanitaires lors de diverses catastrophes dans le but de faciliter l’aide humanitaire.