Novaedia : les fruits de la solidarité
Novaedia, c’est l’histoire d’un jeune homme qui décide d’abandonner le monde de la finance pour celui de l’économie sociale et solidaire. En créant cette entreprise, Mohamed Gnabaly a choisi de se consacrer au commerce de paniers de fruits frais en entreprise et de reverser les bénéfices à des programmes de solidarité et d’insertion professionnelle.
Preuve du potentiel qu’offre l’entreprenariat social, les activités menées par sa société ont une "véritable viabilité économique", affirme le fondateur de Novaedia. Cette aventure humaine montre qu’il est possible de concilier travail et solidarité. Cette initiative lui a valu de figurer parmi les lauréats, du concours CréaRif Entreprendre Autrement, organisé par l’Atelier, avec le prix de la "Responsabilité Sociétale".
Son expérience, Mohamed la partage volontiers avec les autres porteurs de projets, notamment à l’occasion du salon de l’entrepreneuriat, où nous avons eu l’occasion de le rencontrer.
"Ce cheminement a été construit avec un style de vie que j’ai voulu"
A 27 ans, Mohamed Gnabaly fait preuve d’une grande détermination. Son parcours dans le domaine associatif lui a permis de se construire mais témoigne avant tout d’une réelle envie de "faire bouger les choses".
Mais cet engagement ne date pas d’hier, puisqu’il a été délégué de classe tout au long de sa scolarité. Egalement vice-président d’une association sportive, il trouvait même le temps de gagner un peu d’argent de poche en assurant du soutien scolaire aux jeunes de son quartier, en marge de ses études.
Après une première expérience professionnelle dans le secteur bancaire, le jeune homme, originaire de l’île Saint Denis, est rattrapé par sa passion pour l’entrepreneuriat et sa volonté de créer de la richesse en banlieue. Il crée une entreprise intégrant une démarche de Responsabilité Sociétale et Environnementale (RSE). En réfléchissant à une solution de service, adaptée aux besoins des entreprises, il conçoit une offre basée sur les fruits et dont la finalité serait de financer des programmes de solidarité. Il signe alors des accords avec les agriculteurs locaux afin de bénéficier de tarifs équitables, de produits de saison et d’une garantie sur la traçabilité des fruits.
Mohamed a du s’armer de patience et consentir à quelques sacrifices avant de voir son projet se concrétiser. En fin stratège, le jeune entrepreneur parvient à contourner les embûches placées sur sa route et acquiert la confiance nécessaire pour porter son projet avec force et conviction.
"Puisque l’argent ne vient pas à nous on va aller le chercher nous même !”
Grâce à différents concours, Mohamed Gnabaly est assuré de suivre la bonne voie. Le projet Novaedia est récompensé ; reste à trouver un produit d’appel.
A l’occasion de séjours au Mexique et aux Etats Unis, Mohamed a le déclic. Il constate que les services, de livraison de fruits au bureau sont entrés dans les mœurs et décide de l’importer an France ; les paniers de fruits sont un excellent produit d’appel, ils permettent de toucher les entreprises avec l’argument “bien-être”. Celles-ci achètent les paniers de fruits à destination des salariés et clients, qui les reçoivent gratuitement.
Le but de cette activité est d’encourager le développement d’une économie durable, qui préserverait l’environnement et le bien-être des salariés. Elle permet également de financer des programmes de solidarité à destination des jeunes des quartiers populaires (soutien scolaire, développement durable, sensibilisation à l’écologie).
“Novaedia est un modèle de financement”
Les fruits sont un moyen et non pas la finalité de Novaedia, qui est avant tout sociale. Il s’agit de débuter avec un service de fruits au bureau afin de capitaliser. Les paniers sont donc la partie visible d’un concept beaucoup plus vaste. L’activité économique s’inscrit dans une dynamique “pragmatique et opportuniste”, qui leur permet de répondre précisément aux besoins des entreprises.
Novaedia propose aujourd’hui trois types de services autour des fruits : la livraison de paniers de fruits frais aux entreprises, un service de traiteur et la conception de cadeaux d’affaires pour les entreprises. Les entreprises choisissent de reverser un pourcentage de leur facture à Nov’action, l’association support du volet solidarité de Novaedia, puis capitalise cette somme sur un compte épargne. Une partie des fonds est envoyé au Sénégal dans le cadre du programme “Afruicain”. L’objectif est la plantation d’arbres fruitiers dans des villages africains et le financement de projets éducatifs et sociaux ; Nov’action œuvre également à l’insertion professionnelle de personnes en difficulté et à la sensibilisation au développement durable.
Au départ, l’activité économique devait soutenir l’activité sociale. Finalement, l’activité sociale se développe toute seule et Mohamed Gnabaly imagine qu’elle puisse devenir indépendante avec l’aide de nouveaux partenaires et notamment financiers.
"Je pense qu’il y a énormément à faire dans le secteur de l’économie sociale et solidaire. Après, il faut que l’ESS évolue vers une démarche vraiment mixte et pas purement politique et de subvention. […] Nous avons voulu garder une approche “business” mais en répondant à un besoin, certes social, mais finançable par différentes ressources. Il y a véritablement un secteur d’activité qui peut se développer, mais qui doit prendre en compte un système hybride entre le public, le privé, le bénévolat, le mécénat, etc."
Novaedia n’emploie aucun salarié pour le moment, mais compte une dizaine de collaborateurs. Ils se sont fixés une échéance d’un an avant d’embaucher et récolter le fruit de leur travail. Affaire à suivre…