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Publié le 20 avril 2016
Economie collaborative
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Les défis de l’ESS pour réussir dans l’Economie collaborative

L’économie collaborative est un concept qui connait un regain d’intérêt et un développement grâce au numérique. Il mobilise aujourd’hui plusieurs ministères et génère autant de craintes, de fantasmes que d’espoirs. Pionnière de ses pratiques, l’ESS peut-elle prendre le train lancé à vive allure de l’économie collaborative ?

D’après une étude de Price Waterhouse Coopers, l’économie collaborative est un marché qui représentera 335 milliards de dollars d’ici 2025 contre 15 milliards en 2014. Pour le marché français, les prévisions devraient être de l’ordre de 7,5 milliards d’euros1.

Par ailleurs, il existe en France un formidable gisement pour la consommation collaborative, l’utilisation et l’échange d’objets et de services entre particuliers. À titre d’exemple, chaque foyer français conserverait en moyenne 70 objets dont il ne se sert plus, ce qui représente un marché de près de 12 milliards d’euros.

Si certaines pratiques restent encore marginales (« se divertir », « transporter/stocker des biens », « se financer »), d’autres au contraire sont entrées dans les habitudes de consommation. Les secteurs « s’équiper » (transactions de bien) et « se faire aider » (échanges de services) concentrent la majorité des pratiques collaboratives réalisées par plus d’un Français sur deux. La France fait partie du trio de tête des pays dans lesquels la consommation collaborative s’est le plus développée.

Aujourd’hui, il existe une volonté de compréhension et d’action commune autour de ces mouvances par différents ministères qui travaillent ensemble sur la question. Axelle Lemaire, Secrétaire d’Etat chargée du Numérique, et Martine Pinville, Secrétaire d’Etat chargée du Commerce, de l’Artisanat, de la Consommation et de l’Economie sociale et solidaire, ont récemment salué la publication d’une étude sur les « Enjeux et perspectives de la consommation collaborative ».

Le rapport sur l’économie collaborative commandé au député Pascal Terrasse a pour objectif d’analyser les enjeux liés à l’émergence des plateformes collaboratives. On y trouve 19 propositions pour notamment promouvoir des territoires collaboratifs expérimentaux, penser une protection sociale ou encore garantir la transparence des plateformes. Le rapport explore des mesures pour favoriser leur développement mais aussi permettre la transition des secteurs les plus impactés par l’émergence de ces activités.

Des propositions qui intéressent particulièrement le Labo de l’ESS, en lien avec ses chantiers, notamment les Circuits Courts Economiques Solidaires (CCES) et la charte formalisée par le Labo, qui pourrait encadrer certaines pratiques.

Les plateformes collaboratives bousculent les pratiques traditionnelles d’un grand nombre d’acteurs et la fameuse disruption (innovation par rupture) ou « Ubérisation » de l’économie concerne aussi bien les acteurs classiques que les acteurs de l’ESS qui doivent eux aussi innover pour s’adapter aux nouvelles pratiques.

Comment concilier le meilleur des deux mondes ?

L’économie collaborative est issue de mouvances citoyennes aux racines communes à l’ESS : Amaps, autopartage, supermarchés collaboratifs, finance participative citoyenne, savoir partagé, ou encore le troc existaient avant l’invention d’internet.

Le numérique donne aujourd’hui à chacun le pouvoir à chacun de se développer de manière exponentielle. Cependant, les plateformes numériques et collaboratives sont extrêmement gourmandes en ressources financières pour la maintenance, le développement de l’outil et de leur communauté.

Les start-ups qui se lancent dans ce domaine ont besoin d’une capitalisation importante et rapide et font appels à des capital-risqueurs. La prise de décision en entreprise doit être rapide. Si bien que certains acteurs estiment que « la coopérative n’est pas l’avenir de l’économie collaborative ».

La question se pose : les acteurs de l’ESS qui tentent de centrer leur action sur le partage équitable de la valeur, la coopération, l’équité, la création de lien social ou encore la transparence peuvent-ils entreprendre dans ce domaine qui semble être avant tout le royaume des start-ups à capitalisation rapide ? Avec de tels besoins, les entreprises de l’ESS ont besoin de trouver des investisseurs qui acceptent un financement conséquent d’entreprises à lucrativité limitée et à ancrage territorial fort.

La Maif qui investit dans le secteur et qui s’est dotée d’un fonds de plus de 100 millions d’euros, semble en mesure d’apporter certaines réponses.

Les plateformes collaboratives qui utilisent la force de travail de leur communauté ainsi que les biens mis en communs de leurs usagers, peuvent manquer de transparence ou d’inclusion de leurs membres dans les décisions de l’entreprise. Des concepts chers aux acteurs de l’ESS.

Parallèlement, ces derniers pourraient s’inspirer des pratiques de ces plateformes en s’appuyant davantage sur leurs usagers et partenaires au quotidien pour « redonner vie et sens à un sociétariat souvent bien théorique et explorer des voies d’innovation nouvelles ». La P2P fundation a créé la plateform cooperativism pour rapprocher l’économie collaborative des valeurs mutualistes ou coopératives et pourrait servir de passerelle.

Dans une tribune publiée dans le fous sur l’économie collaborative du Labo, Pascal Terrasse souligne que l’économie collaborative « c’est avant tout l’économie des communs, du partage et de l’échange […] qui constitue une forme nouvelle d’intelligence collective dans la gestion des ressources et l’organisation des échanges ».
Un lien fort avec l’ESS qu’il est possible encore d’approfondir.

Pour commencer à répondre à ces questionnements, le Labo a organisé sa première soirée de prospective sur l’ESS autour de l’économie collaborative. La question du périmètre et du financement ont été mis en débat.

Doit-il comprendre des notions de transparence, d’équité, de coopération, de lien social, de gouvernance ouverte et partagée (cf. charte des CCES du Labo de l’ESS) ? BlaBlaCar, Ouishare, la P2Pfundation, la Maif, la Fing et La Ruche qui dit oui ont pu apporter des éclairages intéressants qui ont nourri les débats.

  • 1selon le rapport de Pascal Terrasse
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    Personne tenant une cagette de légumes
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    Deux personnes devant une caravane
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    Tribune

    Pascale Terrasse

    Pascale Terrasse

    Député de l’Ardèche et auteur d’un rapport sur l’économie collaborative

    Économie collaborative, sociale et solidaire : la révolution numérique au service des territoires

    L’économie collaborative est entrée par la porte de la révolution numérique de manière disruptive et bouleverse notre...
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