Les circuits courts de l’épargne financent les projets locaux porteurs de sens
Et si on aidait au développement de projets solidaires près de chez soi grâce à l’argent que l’on épargne ? Car les Français épargnent beaucoup : entre janvier et septembre 2016, ils avaient épargné 43 milliards d’euros, soit 10% de plus que l’année précédente. Il existe aujourd’hui de nombreuses façons de soutenir les projets de l’ESS et de rendre cette épargne citoyenne.
L’évolution des dispositifs d’épargne : vers une affectation plus transparente et plus porteuse de sens
Lorsque l’épargnant place son argent sous forme d’épargne classique, il prête généralement peu attention à la façon dont celui-ci sera utilisé par l’établissement bancaire. Cependant, depuis les années 1980 se développe une épargne différente, appelée épargne solidaire, plus soucieuse des enjeux éthiques et sociétaux. Cette épargne est affectée au développement de certaines activités d’utilité sociale et environnementale : création d’emplois et insertion par l’activité économique (IAE), logement, développement durable, circuits courts de production et de consommation, etc. Selon le livre blanc de Finansol, l’épargne solidaire représente 290 millions d’euros investis et un million de souscripteurs pour 1900 entreprises et associations financées, 31 000 emplois créés ou consolidés (dont 6000 pour des personnes en situation d’exclusion) et 4500 personnes relogées. Elle ne représente certes que 0,19% du patrimoine financier des Français mais progresse de 20% par an.
Pour l’épargnant, l’enjeu de ces formes d’épargne est donc de rendre utile l’argent épargné et de contribuer de façon citoyenne à des projets qui ont du sens. Ainsi, pour certains dispositifs, le citoyen va jusqu’à choisir individuellement les projets qu’il soutient. En ce sens, l’épargne solidaire se rapproche du financement participatif, ou crowdfunding, qui consiste à participer collectivement au financement d’une initiative naissante ou d’un nouveau projet innovant : les particuliers financent ensemble une part des coûts nécessaires via une plateforme web, le plus souvent sous la forme du don. Le financement participatif a une activité croissante : les collectes augmentent actuellement de 100% par an et les plateformes spécialisées sont de plus en plus nombreuses – microcrédit solidaire international avec Babyloan, crowdfunding local avec Bulb in Town, finance participative dédiée à des projets à fort impact social et environnemental avec Zeste, collectes spécialisées pour les associations avec HelloAsso, etc.
Ces évolutions montrent à quel point les citoyens sont prêts à s’investir financièrement dans le développement de projets de l’économie sociale et solidaire, quitte à renoncer aux intérêts de leur épargne ou à soutenir les activités de manière quasiment désintéressée, puisque les contreparties proposées lors de campagnes de financement participatif sont souvent d’ordre symbolique et de reconnaissance de la communauté. A l’heure où les subventions publiques s’amenuisent, ces formes de soutien citoyen viennent pallier les difficultés que peuvent rencontrer les structures à l’activité non-marchande ou à la rentabilité lente. Elles montrent l’attachement des citoyens au développement d’initiatives solidaires et locales : car ce qui fait souvent le premier lien entre les contributeurs et le projet est l’envie du citoyen de contribuer à améliorer son environnement et leur proximité géographique.
Contribuer au développement des initiatives près de chez moi
Le développement d’initiatives locales, adaptées au contexte spécifique de chaque territoire et inscrit dans le réseau d’acteurs de proximité, est sans aucun doute celui qui a le plus de retombées pour les habitants sensibles aux valeurs de la convivialité, de la solidarité ou encore de protection environnementale. Soutenir et même s’investir dans la création d’un magasin de producteurs locaux, d’un espace de coworking, d’une ressourcerie ou d’une ferme pédagogique prend tout son sens dès lors que les effets de cette nouvelle activité se font sentir dans notre quotidien et dans nos usages de proximité. Cette idée de proximité est au cœur de structures comme les clubs d’investisseurs pour une gestion alternative et locale de l’épargne solidaire (CIGALES), organisés en près de 150 associations locales : selon la charte, il s’agit de « rapprocher l’épargne de l’investissement pour un développement local durable ».
L’épargne solidaire de proximité investit ainsi dans le territoire dont elle est issue : elle est une épargne en circuit court. Le réseau d’interconnaissance permet de construire l’innovation à partir des liens de sociabilité et de donner concrètement à voir les exemples de projets de l’économie sociale et solidaire dans la vie quotidienne des citoyens.
Pour aller plus loin :
- Consultez nos travaux sur les circuits courts économiques et solidaires
- Consultez nos travaux sur Banques et territoires