Financement citoyen de projets sociaux et environnementaux de territoire : Zeste et Prêt de chez moi
La Nef a mis en place deux dispositifs qui permettent aux particuliers de soutenir financièrement des projets à impact social et environnemental à proximité de chez eux : Prêt de chez moi, sous forme de prêt solidaire, et Zeste, sous forme de don.
« Raccourcir les circuits »
Comment le citoyen peut-il encourager des initiatives porteuses de sens qui souhaitent se développer non loin de chez lui ? C’est à cette question que cherche à répondre La Nef avec Zeste et Prêt de chez moi, en permettant de « relocaliser l’épargne », selon les mots de Jean-Philippe Gönenç, responsable de la finance participative au sein de la coopérative financière, et de « raccourcir les circuits » de financements entre projets locaux et citoyens. Cette utilisation citoyenne de l’épargne soutient un développement de proximité en circuit-court : en contribuant à financer un magasin coopératif dans ma commune ou un lieu de convivialité dans mon intercommunalité, je participe activement à améliorer mon cadre de vie et je soutiens des projets qui ont du sens. A cet investissement ultra-local s’ajoutent les possibilités offertes par le web : ainsi, Prêt de chez moi et Zeste sont des plateformes numériques sur lesquelles tout projet qui a un impact social et écologique avéré peut mener une campagne de financement participatif, conseillée par l’équipe de finance participative de la Nef.
Prêt de chez moi : le prêt solidaire
Prêt de chez moi a été lancé à titre expérimental en 2015 en Rhône-Alpes et en micro-crédit exclusivement. Cette plateforme a par exemple permis de financer une ressourcerie à Privas, de développer les activités d’une librairie à Chambéry, ou d’essaimer un magasin bio à Bourg Argental. La deuxième version du dispositif s’étend sur le territoire national (avec une démarche qui demeure celle de l’épargne locale) et s’ouvre au crédit jusqu’à 200 000 euros. Le soutien aux projets est participatif : c’est l’ensemble des contributions qui permet d’atteindre la somme globale prêtée à la structure. Le prêt est à taux 0%, il est garanti par la Nef et issu des intérêts du Compte à terme « Prêt de chez moi » des particuliers, qui l’investissent dans le projet de leur choix. Ce principe de prêt solidaire non-rémunéré est relativement neuf et il s’agit, pour Jean-Philippe Gönenç, de « faire en sorte que cela devienne un réflexe dans les années à venir ». Prêt de chez moi s’adresse aux porteurs de projets marchands, qu’il s’agisse de projets de création ou de développement.
Zeste : le don citoyen
Pour les projets non-marchands, auxquels Prêt de chez moi ne pouvait pas répondre, la Nef a mis en place la plateforme Zeste. Lancée en mars 2016, Zeste permet aux citoyens de soutenir financièrement un projet sous forme de don : le don est la principale ressource pour ce type de structures, notamment dans un contexte où les subventions diminuent fortement, rappelle Jean-Philippe Gönenç. Mais les projets marchands peuvent également engager des campagnes de pré-vente qui leur permettent de commercialiser leur offre tout en levant des fonds propres complémentaires. Jean-Philippe Gönenç ajoute que le crowdfunding est par essence une affaire de proximité : proximité de territoire, notamment via le réseau social dans le territoire, et proximité de valeurs. Les projets sont financés par cercles concentriques de contributeurs et le premier de ces cercles est toujours celui des personnes que le porteur de projet connaît personnellement. Zeste ne se limite pas aux projets ultra-locaux, même si ceux-ci y ont une belle part : la plateforme a par exemple permis à 252 contributeurs de se rassembler pour aider à la restructuration d’une friche industrielle en lieu culturel à Crest ou à 59 personnes de contribuer ensemble à la création d’une ferme biologique en Ariège.
Complémentaires, Prêt de chez moi et Zeste sont deux leviers qui peuvent encourager le financement de projets atypiques, innovants et audacieux, par et pour les habitants du territoire.