Initiative inspirante
Publié le 25 septembre 2018

Les Champs des Possibles : donner la possibilité de tester l’agriculture

Hommes sur des tracteurs dans un champs
Mots clés
ESS
alimentation
circuits courts
rural
agriculture

La couveuse et coopérative d’activités agricoles et rurales « Les Champs des Possibles » est une structure d’accompagnement de futurs agriculteurs en Ile-de-France, créée sous forme associative en 2009 et devenue une SCIC en 2016. A l’origine : le constat fait par l’association régionale des AMAP d’une demande croissante en alimentation bio et locale de la part des citoyens – et donc la nécessité de développer l’offre grâce à l’installation de nouveaux paysans.

« Tester son activité »

Les Champs des Possibles anime un dispositif d’espace-test agricole, qui permet à des porteurs de projets de s’essayer aux activités agricoles, à travers la mise à disposition des moyens de production (foncier, matériel, …), un cadre légal d’exercice du test d’activité et un accompagnement humain renforcé. Depuis sa création, 29 personnes ont pu « tester » leur activité, parmi lesquelles 19 sont aujourd’hui installées et 4 en cours d’installation, tandis que 14 sont en cours de test.

La structure propose deux modalités de test : la première est un test « en immersion », de un à trois ans, pendant lequel l’entrepreneur travaille au sein d’une ferme d’accueil – d’une superficie de 2 à 5 hectares. Il est accompagné par l’agriculteur qui y est installé, mais la commercialisation de sa production se fait de façon indépendante. « On remarque qu’un certain nombre d’agriculteurs, qui ont été accompagnés par Les Champs des Possibles et sont aujourd’hui installés, souhaitent devenir ferme d’accueil : c’est le cas de 5 fermes sur les 10 fermes qui accueillent des entrepreneurs actuellement », précise Maëla Naël, accompagnatrice de la couveuse d’activité. L’autre modalité de test se fait « en autonomie », notamment sur du foncier loué à Terre de Liens par Les Champs des Possibles : ces lieux de test peuvent être investis par plusieurs porteurs de projets à la fois, qui s’y exercent aux diverses activités du travail agricole, de la production à la vente en passant par les aspects administratifs.

Les activités testées sont diverses : maraîchage, bien sûr, mais aussi élevage, et au-delà. La Ferme de Toussaq, en Seine-et-Marne, en est un bon exemple : sur 73 hectares se côtoient plusieurs porteurs de projets aux statuts différents, en maraîchage, élevage de chèvres et de volailles, et bientôt l’installation d’un/e paysan/ne boulanger/e. Sur ce site, actif depuis 2009, et qui doit à terme aussi compter une conserverie, une salle de réunion et un local de vente à la ferme, « l’enjeu est de construire une dynamique collective pour transformer le territoire – et ne pas avoir simplement un lotissement d’agriculteurs les uns à côté des autres », explique Maëla Naël. Pour élargir encore ces activités, Les Champs des Possibles mène aussi une étude de faisabilité sur les activités de transformation alimentaire et l’artisanat à partir de la production agricole : conserverie, brasserie, laine…

Homme avec troupeau de moutons

Accompagner grâce à la coopération

L’action des Champs des Possibles s’inscrit dans un réseau de structures, Abiosol, qui est composé, en plus de la SCIC, de :

L’ensemble de ces acteurs aide aussi à l’insertion dans le réseau professionnel agricole local. 

« Le test d’activité des Champs des Possibles s’inscrit donc dans un parcours plus global, qui commence bien en amont et se poursuit en aval avec les quatre membres du pôle Abiosol », ajoute Maëla Naël.

Deux dispositifs pour sécuriser les parcours

Les Champs des Possibles permet de sécuriser les parcours socio-professionnels des porteurs de projets (qui peuvent, à l’issue de ce temps de test, ne pas choisir de s’installer en agriculture). Le premier statut sous lequel ils peuvent exercer dans le cadre de la couveuse d’activité, au sein des espaces tests, est le contrat d’appui de projet d’entreprise (CAPE 1), mis en place par la loi pour l’initiative économique de 2003 . Le rôle de « couveuse » de la SCIC consiste ainsi à proposer un hébergement juridique, fiscal et financier : signature des contrat et utilisation du SIRET de la couveuse, déclaration fiscale, comptabilité, etc. Le porteur de projet peut par ailleurs conserver ses aides au retour à l’emploi (ARE), son revenu de solidarité active (RSA) ou sa prime d’activité.

Sur le modèle des coopératives d’activité et d’emploi (CAE), les Champs des Possibles peut également proposer aux porteurs de projets de devenir entrepreneurs-salariés-associés dans le cadre de la coopérative. Ils sont alors salariés de la coopérative et donc couverts par la protection sociale. En 2018, Les Champs des Possibles compte 4 entrepreneurs-salariés – un chiffre amené à augmenter avec le nombre d’entrepreneurs sortant de l’espace-test et la possibilité de développer un emploi durablement au sein de la CAE. Et une façon également de prendre sa place dans la gouvernance de la structure, aux côtés d’associations comme le Réseau des AMAP IDF ou de collectivités territoriales intéressées au développement agricole de leur territoire.

Photos : Les champs des possibles 

  • 1Le Contrat d’Appui au Projet d’Entreprise (CAPE), instauré par la loi pour l’initiative économique n° 2003-721 du 1er août 2003, est un dispositif qui permet à une entreprise accompagnatrice d’aider une personne souhaitant créer ou reprendre une activité indépendante.
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