Le RIPESS démontre que l’ESS est un mouvement international
Le Réseau International de Promotion de l’Economie Sociale et Solidaire (RIPESS) rassemble des acteurs qui croient à l’importance d’une mondialisation de la solidarité pour construire et renforcer une économie qui met les gens et la planète au centre de son activité. Il s’est donné pour objectif de structurer ce mouvement à l’échelle internationale et de créer un espace d’apprentissage, d’échange d’informations et de collaboration.
L’histoire du RIPESS commence un peu avant 1997. Quelques acteurs organisent une conférence sur la globalisation de la société, à Lima. Dans la foulée une deuxième rencontre internationale est organisée en 2001 à Québec, autour du slogan "Résister et construire". Prenant acte du succès de ces rencontres, qui mettent en lien des personnes venues du monde entier et permettent une multitude d’échanges d’expériences et de bonnes pratiques, les acteurs rassemblés créent le RIPESS. Cette structure a pour objectif d’organiser une rencontre tous les quatre ans et s’est donné un rôle de structuration du mouvement de mondialisation de la solidarité à l’échelle internationale pour à la fois lui donner une réalité, influencer les décideurs et créer de l’inter-coopération entre ses membres.
Ce réseau de réseaux continentaux engagés dans la promotion de l’économie sociale et solidaire se réunit à Dakar en 2005 puis à Luxembourg en 2009. La déclaration finale affirme que "l’économie sociale et solidaire est une alternative au modèle économique néolibéral et [qu’]elle crée un horizon d’espoir contre le fatalisme lié à la crise économique". Prochaine étape : Manille, en octobre 2013.
Le RIPESS aujourd’hui
Aujourd’hui, le Conseil d’administration du RIPESS est constitué de représentants de toutes les zones géographiques et de tous les secteurs de l’économie sociale et solidaire, des réseaux nationaux et continentaux - notamment le RIPESS Europe, composé de réseaux sectoriels et d’un rassemblement de réseaux nationaux et transnationaux, qui ont porté le forum luxembourgeois du RIPESS en 2009 et poursuivent dans la même dynamique. Il est représenté par Eric Lavillunière au niveau du RIPESS international. Des rencontres sont régulièrement organisées entre acteurs européens : la prochaine a lieu début janvier à Venise. Des voyages apprenants permettant d’échanger les pratiques et de découvrir des expériences in situ, comme récemment en Catalogne et bientôt en Midi-Pyrénées et en Hongrie.
Ceux-ci sont dans la droite ligne de l’approche prônée par le RIPESS, qui entend partir des expériences des acteurs de terrain et des solutions qu’ils mettent en œuvre au quotidien pour tracer des lignes directrices générales. C’est ainsi que des solutions expérimentées au Brésil - de systèmes d’autogestion, par exemple - sont reprises au Luxembourg, avec la création de formations pédagogiques et éducatives (culture, fonctionnements et pratiques qui en découlent). Comme l’exprime Eric Lavillunière : "Nous sommes très attachés à la pédagogie, tant du point de vue de la présentation des solutions que de l’accompagnement et du management." Le RIPESS souhaite continuer à promouvoir de nouvelles solutions et "à démontrer que l’ESS ne consiste pas à transposer le modèle économique néolibéral mais à le repenser complètement pour le changer". L’échange de propositions doit contribuer au renforcement du dialogue, en interne et en externe, et au développement des réseaux de solidarité.
Des initiatives concrètes
Au-delà des forums mondiaux qui ont lieu tous les quatre ans, le RIPESS a créé des outils, et en particulier une carte interactive mondiale pour visualiser l’ensemble des acteurs de l’économie sociale et solidaire : ESS global. Il s’agit de rendre visible l’ESS et d’accroître la coopération économique des acteurs de l’ESS ainsi que des consommateurs, usagers et bénéficiaires. Cette plateforme, présentée en octobre 2011, est interopérable avec d’autres plateformes continentales, transnationales ou nationales – par exemple la BDIS. Elle propose un repérage des acteurs avec des tris par zones géographiques et par activité économique. Pour Eric Lavillunière, "c’est la démonstration que l’activité locale doit être pensée dans un système global".
Le RIPESS était également présent en juin dernier à Rio pour le Sommet des peuples pour présenter des actions de l’ESS en faveur du développement durable sur chaque continent. Et les occasions se multiplient pour organiser davantage la solidarité entre les différents réseaux et "faire progresser l’économie sociale et solidaire" afin d’aller vers une pluralité des modèles proposés, se démarquant du modèle capitaliste traditionnel toujours dominant. Ceci va passer par au moins trois voies : pédagogie, information, communication… En bref, à l’international aussi l’ESS doit encore donner de la voix pour se faire entendre ! Mais les choses avancent.
Pour en savoir plus : www.ripess.org