Tribune
Publié le 3 mai 2013
Julie Stoll

Julie Stoll

Déléguée Générale de la Plate-Forme pour le Commerce Equitable

Le commerce équitable : un atout pour la transition écologique et sociale

Au croisement du respect des droits humains, du développement durable et de la responsabilité sociétale des entreprises, le commerce équitable permet d’envisager de multiples pistes pour une transition écologique et sociale ambitieuse.

Les critères économiques du commerce équitable rendent possible des pratiques agricoles et artisanales, garantes de la protection de l’environnement, à des conditions rémunératrices pour les petits producteurs. Face à la course effrénée aux bas prix et à la mise en concurrence des plus forts avec les plus faibles, c’est un changement de paradigme.

En effet, les entreprises qui pratiquent le commerce équitable doivent respecter 4 engagements économiques incontournables : payer un prix juste et rémunérateur à leurs fournisseurs, s’engager commercialement sur la durée, contribuer au financement de projets collectifs et préfinancer leurs commandes chaque fois que cela est nécessaire. Ces quatre engagements économiques sont la clef de voûte d’un système qui permet à des populations démunies et fragilisées de mettre en place de meilleures pratiques sociales et environnementales, de renforcer leurs organisations, de rééquilibrer les rapports de force et d’entrer dans un cercle vertueux de développement durable. Ce n’est pas rien ! Une méta-analyse de 77 études d’impact réalisées par des universitaires ou des bureaux d’études confirme la pertinence du commerce équitable et son efficacité.

En ces temps de crises généralisées il est bon de pouvoir affirmer, preuves à l’appui, que des alternatives existent. Bénéficiant à plus de 2 millions de producteurs dans le monde, le commerce équitable est également source de développement économique pour près de 400 entreprises en France. Les acteurs du commerce équitable entendent bien contribuer au débat public en démontrant que d’autres relations économiques sont possibles.

Cette treizième Quinzaine du Commerce Equitable, du 4 au 19 mai 2013, est en effet l’opportunité pour le mouvement du commerce équitable de faire connaître ses réalisations et ses propositions pour changer les relations économiques en profondeur.

Si le commerce équitable repose avant tout sur l’action des acteurs privés (entreprises, ONG, associations, organisations de petits producteurs etc.), le secteur entend aussi influencer et transformer les politiques publiques. Il ne s’agit pas seulement de demander plus de soutien pour développer le commerce équitable et en amplifier ses effets. Il s’agit avant tout de généraliser ses principes pour que l’équité soit la règle. Le commerce équitable présente des enseignements fondamentaux dans de multiples domaines qui pourraient irriguer les politiques publiques : une aide au développement qui renforce ses soutiens à l’agriculture paysanne et agro-écologique, l’instauration de mécanismes de régulation du prix des matières premières pour des revenus stables et rémunérateurs pour les petits producteurs, des exigences règlementaires strictes et contrôlées en matières de responsabilité sociale et environnementale des entreprises, des programmes d’éducation à la consommation responsable et au développement durable, etc.

A l’heure où les citoyens éprouvent une défiance grandissante à l’égard des acteurs de l’économie mondialisée, le commerce équitable apporte des réponses. D’ailleurs, les chiffres en témoignent : le secteur continue sa croissance à hauteur de 10% en 2012. La distribution spécialisée en produits bio (Biocoop etc.) ou encore les achats des collectivités territoriales sont les vecteurs principaux de cette croissance. Si ces chiffres témoignent de l’existence d’une demande citoyenne forte, les ventes de produits issus du commerce équitable dans la grande distribution stagnent depuis deux ans. Pourtant à l’origine d’une véritable démocratisation de la démarche au début des années 2000, les chaînes de supermarchés considéreraient-elles le marché du local ou du bio comme plus porteur ? Y a-t-il un sens à opposer les alternatives plutôt qu’à renforcer leurs synergies ? Devons-nous prioriser le producteur de carottes au détriment du producteur de bananes ? Opposer le producteur de lait à celui du café ? Non aux replis sur soi. Non aux solidarités étriquées. Tous "Made in Monde", nous rappelle Artisans du Monde pour cette treizième Quinzaine du Commerce Equitable. Mondialisons la solidarité, globalisons l’équité et faisons, ensemble, des principes de l’économie sociale et solidaire une généralité.

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