Hugues Sibille
L’Édito des éditos
Le moment est venu de relire 2016. Une année de traumatismes violents. Générateurs de peurs mauvaises conseillères. Une année d’affaiblissements démocratiques, de médiocrité du débat public, de reculs européens.
Nous pouvons aussi relire 2016 à l’aulne de nos éditos, à l’aulne du Labo, à l’aulne de l’ESS. Y voir la montée continue d’une citoyenneté active, d’une société civile dynamique et créative, d’une ESS revivifiée. Nos résistances, nos expérimentations, notre vision combattent au quotidien le pessimisme et la défiance d’une société qui doute d’elle-même. Le fil rouge de cette relecture de nos éditos, c’est bien encore et toujours celui des territoires agissants, de ces territoires qui inventent les mondes de demain. “Territoire à énergie positive” “Pôle territorial de Coopération” “Territoire zéro chômeur”... ces expressions nous plaisent car elles disent la construction des possibles, la volonté des chemins à inventer au plus près des problèmes. “Voir loin, commencer petit, aller vite”, selon l’expression de notre ami Tarik Ghezali, nous faisons nôtre cette méthode.
Oui l’idée d’inventer un autre modèle socio-économique et environnemental progresse. La Cop 21 fut un succès. Oui la quête d’une “économie autrement” avance. 2000 personnes sur ce thème en Novembre 2016 à Dijon, aux Journées lancées par Alter Eco et soutenues par le Labo de l’ESS, c’est un signal fort à prendre en compte. Il faut poursuivre et amplifier. Briser le plafond de verre qui empêche les co-constructions locales d’inspirer les décisions nationales et européennes. Parce que nous ne sommes pas des bisounours, nous savons que ce n’est pas gagné. Nous redoutons les régressions sociales et les populismes. Mais notre esprit de résistance et d’optimisme, celui que Claude Alphandery, notre fondateur, nous transmet, continuera de nous inspirer en 2017.
C’est tellement vrai que pour 2017 nous avons un REVE. Résister, Expérimenter, Voir loin, Evaluer. Venez partager ce REVE avec nous et le rêve deviendra réalité. Celui de nouvelles formes d’emploi reposant sur le contrat, la protection, le collectif, le sens. Celui d’énergies renouvelables citoyennes et décentralisées. Celui de circuits courts (y compris financiers) sociaux et solidaires. Et celui d’activités culturelles qui se rapprochent des valeurs, des statuts et des pratiques d’ESS. La culture devrait être une priorité de sortie de crise. Il y a un siècle l’Europe s’ensevelissait dans un noir déluge de feu et de fer de la grande guerre. Gardons cela en mémoire. Défendons l’Europe d’Erasme, de Montaigne, de Goethe, de Dante, de Zweig. Défendons un humanisme européen, généreux et sans rivage. Et en 2017, soyons plus que jamais des citoyens debout, vigilants et engagés.