Christiane Bouchart
L’économie sociale et solidaire moteur des transitions pour les villes et agglomérations !
12 Décembre 2015. Il y a cinq ans s’achevait la quinzième conférence mondiale pour le climat. Avec la COP21 naissait à Paris l’espoir que le monde allait unir ses forces pour lutter contre le réchauffement climatique. Force est de constater que nous ne sommes pas au rendez-vous de l’urgence, même si cette conférence a mis en évidence que le risque d’effondrement des cycles naturels n’était plus une vue de l’esprit. Elle a également mis en valeur la place et le rôle des territoires. Lorsque les niveaux européens ou nationaux sont bloqués, c’est au local, et notamment dans les villes que l’on peut impulser et agir vite, pour accélérer toutes les formes de transitions.
Dès lors que la volonté politique est réelle peuvent s’y développer des coopérations entre divers acteurs, dans le cadre d’une gouvernance locale partagée et d’une vision commune d’avenir globale du territoire de proximité. Les clés d’entrée de la transition sont multiples et se doivent d’inter-agir entre elles.
Les collectivités locales, en tant que structures d’appui à l’ESS, agissent sur plusieurs champs : la communication (appui à la notoriété des acteurs individuels et collectifs de l’ESS), la recherche (création et développement de chaires universitaires ESS), le soutien matériel (financier, mise à disposition de personnel ou de locaux, mécénat de compétence…) ou encore l’aide à la structuration d’appui des réseaux d’acteurs. Sur ce dernier point, les collectivités ont aidé par exemple les Pôles Territoriaux de Coopération Economiques (PTCE), formidables révélateurs de la capacité d’innovation de l’ESS, mais aussi tiers-lieux, Coopératives d’Activités et d’Emplois, Société Coopérative d’Intérêt Collectif…
Les collectivités locales ont également un rôle à jouer sur deux autres modalités que je souhaite mettre en avant :
- Le rôle d’ensemblier dans la construction de coopérations territoriales : cheville ouvrière d’un regroupement d’acteurs de l’ESS au-delà des réseaux de l’ESS, les élus se considèrent comme des co-gestionnaires de l’intérêt général sur leurs territoires, étant admis que la définition de cet intérêt général relève de plusieurs acteurs et pas uniquement des acteurs publics. Dans cette construction de coopérations, l’écosystème public impulsé par la collectivité locale, au plan juridique et financier, adapté au développement de l’ESS et des communs joue un rôle crucial d’ensemblier.
- L’organisation interne des collectivités locales en répondant à cet objectif de synergie avec les réseaux de l’ESS, qui se traduit notamment par :
- la transversalité des politiques publiques fait de la transversalité de l’ESS,
- la mise en place d’un cadre juridique favorable à la « biodiversité des contractualisations publiques » : subvention, régie, marchés publics, appel à initiatives, etc.,
- la mise en place d’un cadre gestionnaire simplifiant les procédures, tout en faisant reposer la nécessaire complexité des processus sur la collectivité locale et non sur l’acteur du territoire,
- le financier. Je voudrais donner ici l’exemple du budget participatif, mis en place par de plus en plus de villes. Ce type de démarche impulsée par les collectivités peut faire système pour qu’elles deviennent de véritables laboratoires de la transition, au-delà même de démarches d’expérimentation, dès lors que l’on reconnaît et valorise les citoyens qui les portent, et que l’on maintient dans la durée et dans la réalisation les dynamiques habitantes avec des dotations financières significatives !
Les villes ont de nombreux atouts pour mettre en œuvre la transition écologique avec les acteurs de l’ESS et les citoyens ! Leurs regroupements à l’international au travers, notamment, du Global Social Economy Forum (GSEF), permettent également de faire réseau pour atteindre la neutralité carbone !