FINACOOP : les experts-comptables qui promeuvent l’ESS
Le cabinet d’experts-comptables coopératif FINACOOP a vu le jour en 2015. Deux ans plus tard, il accompagne 200 structures de l’économie sociale et solidaire sur les volets comptable, fiscal, social, financier et juridique. Il met au centre de ses pratiques et de sa communication les valeurs démocratiques et les visées sociales et solidaires, afin de faire avancer ces enjeux également chez ceux qu’il accompagne.
Un travail sur les valeurs sociales et solidaires au cœur du métier comptable
FINACOOP est un cabinet spécialisé dans l’accompagnement des structures de l’ESS. Mais c’est aussi une structure qui met au cœur de son projet ce qu’elle promeut, à commencer par une gouvernance démocratique et participative, et ce avec l’ensemble des parties prenantes.
Première surprise : les structures accompagnées par le cabinet ne sont pas des clients, mais des bénéficiaires, qui pourront devenir à terme sociétaires de FINACOOP. Un choix qui a compliqué le lancement de la structure : « FINACOOP a vu le jour après une bataille juridique », raconte Gabrielle Mirbeau, responsable communication éthique et coopérative au sein de FINACOOP : « Nous sommes le premier cabinet d’expertise comptable en société coopérative d’intérêt collectif (SCIC). Pour nous, ce statut est essentiel, afin d’avoir une gouvernance partagée et un sociétariat ouvert à nos bénéficiaires et à nos partenaires. Mais le métier d’expert-comptable est un métier réglementé : cela signifie notamment qu’il y a des règles en terme d’indépendance. La gouvernance ouverte aux bénéficiaires posait donc un problème. En réalité, notre gouvernance est structurée en collèges distincts : le fait que des bénéficiaires deviennent sociétaires ne signifie pas qu’ils fassent ingérence dans les éléments relevant proprement de l’indépendance de notre travail. En prouvant cela, nous avons pu nous lancer. »
La coopérative est composée, à la fin de l’année 2017, d’une trentaine de sociétaires et 12 salariés dont les missions qui dépassent les enjeux purement administratifs et comptables : il s’agit aussi de faire réfléchir les bénéficiaires à leurs propres pratiques et leurs missions et de les orienter au mieux d’un point de vue juridique, voire organisationnel et stratégique. « Dire que nous sommes le cabinet comptable des acteurs et actrices de l’ESS, c’est affirmer des valeurs, et c’est donc aussi poser des critères – qui concernent la gestion démocratique ou les missions de la structure par exemple. Ces critères sont clairs et nous permettent d’arbitrer en faveur ou non d’une nouvelle structure bénéficiaire. Mais ils permettent aussi de découvrir une marge de progression : nous pouvons accepter un nouveau bénéficiaire, même s’il a manifestement des enjeux de démocratie interne à améliorer. Et nous allons l’accompagner là-dessus. »
Cet accompagnement va bien plus loin que la simple vente de services : il vise un temps long, la création d’un rapport de confiance entre la coopérative et le bénéficiaire et l’implication progressive de celui-ci. « Généralement, y a beaucoup de turn-over dans le choix des prestataires comptables pour une structure. Nous voulons au contraire installer une stabilité et une progression. Nous choisissons nos bénéficiaires mais elles et eux aussi nous choisissent ! Et si elles et ils le font, c’est qu’ils et elles voient bien que derrière la prestation, il y a le projet ! », ajoute Gabrielle Mirbeau.
La communication est au centre de la stratégie de l’entreprise pour construire ensemble
Au sein de FINACOOP, la communication est directement liée à l’intelligence collective : elle s’appuie sur l’idée que le statut de SCIC propose un cadre formidable pour échanger et construire ensemble. Et que ce processus de co-construction doit s’appuyer sur des cadres communs – tout en s’inscrivant dans un temps long et pédagogique, qui permet une amélioration continue des pratiques des bénéficiaires. « Et puis, il y a un effet miroir très important », commente Gabrielle Mirbeau : « l’idée n’est pas d’être des donneurs de leçons. Les bénéficiaires sont aussi là pour nous aider à nous questionner sur notre propre fonctionnement et sur comment l’améliorer ! » La communication est d’abord comprise comme dialogue et elle est de ce fait profondément imbriquée dans le projet global de FINACOOP.
Une communication qui s’appuie fortement sur les valeurs sociales et solidaires signifie également une attention accrue dans la pratique : les textes de communication sont par exemple rédigés selon les principes de l’écriture inclusive, les discours tenus à l’oral chercheront également à inclure les formes féminines. Pour Gabrielle Mirbeau, c’est un puissant moyen d’action : « En faisant cela, je lutte contre l’invisibilisation des femmes dans le discours – et je contribue donc, dans ma pratique de la communication, à dé-conditionner certains réflexes. Ce dé-conditionnement concerne toutes les discriminations, liées au genre, à la couleur de peau, à l’orientation sexuelle, au handicap, etc. » Et il ne s’arrête pas aux outils de communication proprement dite : sont aussi concernés les documents internes et administratifs ou les postures et discours des collaborateurs et des bénéficiaires, par exemple. Les enjeux environnementaux et la gestion éthique des données sont également très présents dans la mise en pratique de la communication du cabinet. Des valeurs humaines et environnementales qui guident jusqu’à la définition de l’identité de FINACOOP : « Collectif déchiffreur de valeurs ».
Crédits photos : FINACOOP
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