TZCLD : 5 lettres pour faire de l’emploi un droit
Un territoire sans chômage, vous y croyez ? Depuis 2016, partout en France, Territoire zéro chômeur de longue durée (TZCLD) expérimente cette utopie réaliste. Pour en savoir plus, nous sommes allés à la rencontre de celles et ceux qui portent ce projet dans les territoires.
Thierry Pequonnet dirige l’Entreprise à but d’emploi (EBE) de Bléré, en Centre-Val de Loire. Il nous explique comment fonctionne l’expérimentation :« Il faut d’abord créer un comité local pour l’emploi (CLE) et réussir à faire travailler ensemble tous les acteurs et actrices du territoire mis·es à contribution pour le droit à l’emploi : missions locales, Cap emploi, Pôle Emploi, entreprises, collectivités, bénévoles etc. Une fois prêts à travailler main dans la main, nous allons chercher tous les demandeur·se·s d’emploi du territoire, même celles et ceux qui ne sont pas inscrits à Pôle Emploi, pour les mobiliser. »
Lors d’une première réunion, le CLE présente aux demandeur·se·s d’emploi les possibilités qui s’offrent à eux : chantiers d’insertion, offres d’emploi du territoire, accompagnement social ou médical, ou le recrutement dans une EBE. L’objectif de cette dernière ? Créer des emplois manquants sur un territoire d’au moins 10 000 habitant·e·s, en partant des compétences de celles et ceux qui l’habitent !
Pierre Mathéus, directeur général d’Activiteil en Ardèche, nous précise : « TZCLD parle beaucoup de créer le consensus territorial et je pense aussi que c’est indispensable. C’est un véritable projet de territoire et il faut que tous les acteurs le comprennent et cheminent dans le même sens. »
Une entreprise à but d’emploi basée sur les opportunités du territoire
Chaque expérimentation crée une ou plusieurs EBE en fonction des opportunités du territoire. Les emplois sont dits supplémentaires, c’est-à-dire qu’ils ne concurrencent pas les emplois existants et viennent en soutien au tissu économique local. Pour Thierry, il y a des opportunités sur tous les territoires ! Car il existe de nombreux besoins qui restent encore à combler. Dans son entreprise à but d’emploi, on trouve une conciergerie, un pôle végétal qui travaille avec les cantines scolaires et une recyclerie !
Chez Activiteil, l’EBE a été créée en avril 2022 et elle grandit vite ! Elle compte aujourd’hui 48 salarié·e·s en CDI. Marianne Guyon, la directrice adjointe, témoigne : « Nous avons une liste de volontaires assez conséquente sur notre territoire, je pense que l’on peut grimper facilement jusqu’à 300 salarié·e·s. Nous avons la volonté de créer d’autres EBE et savons déjà que la seconde sera plutôt axée sur l’aide et le soutien aux associations locales culturelles et sportives ».
Les acteur·trice·s du territoire sont très engagé·e·s dans le projet, et c’est certainement l’une des raisons pour lesquelles cela fonctionne si bien. Le Secours Populaire est, par exemple, très actif et participe notamment à l’EBE en fournissant du textile pour des activités de couture. L’équipe vient également de lancer un service de livraison de courses en partenariat avec une grande surface locale.
Repenser l’emploi en le rendant plus humain
Les services proposés par l’entreprise à but d’emploi s’adaptent aux besoins du territoire mais aussi aux salarié·e·s. Que savent-ils faire ? Qu’ont-ils envie d’apporter à leur ville ? TZCLD part du principe que personne n’est inemployable : toutes celles et tous ceux qui sont durablement privés d’emploi ont des savoir-faire et des compétences qu’ils développent, à condition que le travail et l’emploi soient adaptés à chacun.
C’est ainsi que s’opère l’expérimentation : rechercher les personnes éloignées du marché de l’emploi et trouver des postes adaptés à leurs capacités.
Par les savoir-faire et savoir-être des salariés, l’EBE trouve des entreprises permettant de développer les emplois identifiés. À Bléré, près de la moitié des salarié·e·s sont en situation de handicap, il faut donc proposer des emplois et temps de travail adaptés. « En travaillant de nouveau, les salarié·e·s se sentent valorisés et de nouveau intégrés sur leur territoire » raconte Thierry, avec fierté.
Au départ du projet, dix territoires ! Depuis, près d’une quarantaine de lieux ont été habilités, et 134 projets émergents sont aujourd’hui validés. Vous voyez des opportunités sur votre territoire et souhaitez y mettre en place une expérimentation ? Découvrez les démarches ici.
À lire :
- Les travaux du Labo de l'ESS sur les nouvelles formes d'emploi