Restaurant « le Reflet » : insertion professionnelle et sociale de personnes trisomiques
Créer des outils et des opportunités d’emploi pour des personnes trisomiques dans les milieux professionnels dits « classiques » et leur permettre d’être en relation avec l’ensemble de la société, dont ces personnes sont souvent rendues exclues ou rendues invisibles : ces sont les raisons de la naissance, en 2014, de l’association Trinôme 44 qui est à l’origine du Reflet, restaurant nantais.
L’insertion par l’activité économique (IAE) est au cœur du projet de Trinôme 44. Pour développer les outils et les occasions d’intégrer des personnes handicapées, « quoi de mieux qu’un restaurant, un lieu convivial, un lieu de partage ? », demande Flore Lelièvre, à l’origine du projet de restaurant. La structure n’a pas choisi le statut de SAS par hasard, mais avec l’envie de montrer qu’il est possible d’avoir un fonctionnement « extraordinaire » et de générer du profit, en étant inscrit dans un statut plus classique.
Un environnement 100% adapté au handicap
Le Reflet a ouvert ses portes en décembre 2016 dans une rue pavée du centre-ville de Nantes, mais l’idée est née dans le cadre du projet de fin d’études de Flore dans son école d’architecture. L’équipe du restaurant est constituée de 9 salariés, dont 6 salariés trisomiques. Entre salon et cuisine, les jeunes travailleurs (de 20 à 31 ans) sont accompagnés et formés sur les diverses missions. Les contrats n’excèdent pas 24h hebdomadaires, en incluant des moments de repos et de massage, et les salariés sont payés sur la même base que dans d’autres structures de la restauration.
Des travaux de réhabilitation ont permis de rendre le local accessible à tous. L’association a également mis en place tout un outillage spécifique répondant aux besoins des personnes trisomiques. L’organisation des commandes et l’ergonomie de la vaisselle, par exemple, ont été pensées afin de faciliter le travail des serveurs. Les clients peuvent choisir leur plat par un système d’images et de tampons, ce qui rend le travail accessible aux employés qui ne savent pas lire et écrire. Le design de la vaisselle a été conçu de manière à correspondre à leurs usages : les personnes trisomiques ayant les mains plus petites que la moyenne, la prise en main est ainsi facilitée.
Un modèle de financement mixte et un accompagnement engagé
Dans une phase antérieure à l’ouverture du restaurant, l’association est passée par l’incubateur des Ecossolies. Ce PTCE est dédié à l’accompagnement des projets d’entreprenariat dans l’ESS, en soutenant leur maturation et leur développement par une structuration du modèle économique, de l’organisation, du recrutement, de la formation, du financement, et par une mise en réseau avec toutes les parties qui pourraient contribuer à sa concrétisation.
Pour le lancement du restaurant, l’association a opté pour un plan de financement mixte. Pour atteindre la sommes globale de 650 000 euros, un premier pas a été l’obtention d’un prêt bancaire et ensuite l’engagement d’investisseurs dans l’entreprise. Une campagne de crowdfunding a aussi été lancée, permettant à l’association de récolter une somme de 20 000€, consacrée surtout au financement des outils adaptés.
Le restaurant opte ouvertement pour le « slow food » : les gens viennent pour profiter du moment et de l’espace convivial. Le menu est composé de 3 entrées au choix, de plats et de desserts qui changent régulièrement et qui sont préparés à base de produits locaux, favorisant les circuits courts. Parmi les pistes de développement et devant le succès rencontré, Le Reflet envisage déjà d’essaimer ailleurs en France.
- Statut juridique : Le Reflet est une SAS dont l’association Trinôme 44 est actionnaire
- Année de création : L’association Trinôme 44 a été créée en 2014, le restaurant a ouvert en 2016.
- Nombre de salariés : 9