Hugues Sibille
Responsabilité, citoyenneté, solidarité !
Une autre devise pour notre république ? Sûrement pas ! Mais un élargissement de nos devoirs. Il ne suffit pas de dire que nous naissons libres et égaux en droit. C’est un objectif à construire ensemble. Encore faut-il se donner les moyens de tendre vers ces utopies.
L’actualité nous démontre qu’il y a urgence à défendre la liberté (attaques terroristes du 13 Novembre), l’égalité face à l’accumulation qui font des milliardaires redistributeurs des substituts de la puissance publique (Zuckerberg ), la fraternité, dans un climat sérieux de peur ou de rejet de l’autre (résultats des régionales).
Peut-on se dire libres, sans être collectivement responsables de la planète, donc du monde dans lequel vivront nos descendants ? L’accord de la Cop21 vient de témoigner de la solidarité mondiale incontournable sur ces sujets. Peut-on être égaux en droit, lorsque que certains n’accèdent dans nos pays riches, ni au logement, ni à la nourriture, ni à la santé, ni au travail...comme en témoignent tous les jours des associations et les chiffres et rapports toujours plus nombreux ? Peut-on être fraternels, sans être solidaires des migrants jetés sur ou sous les mers en conséquence de la barbarie et de la guerre ?
L’ESS parce qu’elle a vocation à défendre un humanisme en actes, doit contribuer à élargir les principes républicains à la responsabilité, la citoyenneté et la solidarité.
Notre ami Pierre Calame a raison d’attirer notre attention sur le projet de Déclaration universelle des responsabilités humaines (Durh) qui stipule que " la responsabilité implique de prendre en compte les effets immédiats ou différés de ses actes, d’en prévenir ou compenser les dommages, que ceux-ci aient été ou non commis volontairement."
Nous devons approfondir un débat juridique sur la responsabilité qui accompagne la liberté, des États, des entreprises, des individus. La liberté s’accompagne pour tous d’une obligation de reddition de comptes. L’ESS aussi doit rendre compte. Il était donc essentiel qu’elle témoigne de son sens des responsabilités environnementales en prenant des engagements concrets pour une transition énergétique citoyenne lors de la Cop21. Le Labo de l’ESS est fier d’y avoir largement contribué avec des propositions réfléchies collégialement, les engagements responsables de 7 grandes entreprises de l’ESS et la campagne en cours,"1000 structures de l’ESS s’engagent". Diffusez cette campagne autour de vous. Faites monter notre niveau d’engagements responsables.
La question de la responsabilité devient mondiale, ce qui interpellera de plus en plus l’ESS. Les enjeux du climat ou des migrations en témoignent. De ce point de vue l’ESS devra faire un gros effort pour crédibiliser à l’échelle mondiale ses solutions et il faut saluer le beau travail qui vient d’être fait par le Forum international des dirigeants de l’économie sociale piloté par les Rencontres du Mont Blanc (RMB) qui a obtenu la création d’un Leading Groupe ESS à l’ONU. C’est une date qui comptera.
Finalement, ce qui caractérise la fin de cette année 2015 c’est une montée forte des menaces (terrorisme, migrations, dérèglements climatiques) et des angoisses qui les accompagne (populisme, repli sur soi, solutions sécuritaires et militaires) et ce n’est pas le Front National avec son logiciel du siècle dernier qui proposera des solutions crédibles.
Face à ces menaces réelles, face au sentiment d’insécurité qui les accompagne, il n’existe aucune potion miracle, mais une action déterminée, collective, publique, citoyenne, privée, pour monter de plusieurs crans le niveau du triangle, "responsabilité, citoyenneté, solidarité" face aux alertes.
Le Labo de l’ESS, est plus que jamais engagé dans la promotion d’actions co –construites sur les territoires avec l’ensemble des acteurs et les collectivités locales, dans l’intérêt général, pour mettre en œuvre les indispensables transitions : économique, sociale et environnementale.
Nul ne disposera plus seul de la solution aux problèmes qui nous assaillent. Nous devons construire comme le suggère le président de la Fonda, notre ami Yannick Blanc, des "communautés d’action reposant sur la méthode de l’impact collectif". Les PTCE en sont une première expérimentation. Réussissons-la, étendons-la. D’autres voient le jour comme l’initiative d’ Atd, pour des territoires zéro chômeur de longue durée, ou celle du mouvement GNIAC, de pôles citoyens pour l’emploi. Ne juxtaposons pas toutes ces initiatives qui conjuguent responsabilité collective, citoyenneté et solidarité, faisons les converger. Faisons (eco)système.
Seuls on va plus vite, ensemble on va plus loin.