Béatrice Delpech
Reconnues d’intérêt citoyen depuis 1901, les associations entrent en campagne !
Aujourd’hui les français côtoient quotidiennement les associations, comme Monsieur Jourdain, sans le savoir.
Il y a quelques années, les artisans lançaient une campagne remarquée "l’artisanat, première entreprise de France", destinée à promouvoir leurs entreprises et leurs savoir-faire. En 2012, on peut se demander si les associations n’auraient pas tout intérêt à lancer le même mouvement, à s’appuyer sur leur énorme capital de sympathie et de confiance pour gagner en visibilité. Car aujourd’hui les français côtoient quotidiennement les associations, comme Monsieur Jourdain, sans le savoir.
Certes, 48% des Français leur accordent leur confiance, loin devant les partis politiques et les syndicats, pour agir face à la crise 1. Certes, on estime que 3 Français sur 4 sont concernés par la vie associative, qu’ils en soient bénévoles, donateurs, administrateurs, bénéficiaires ou usagers. Certes, Patrick Viveret met en garde contre "une grève des associations" qui déstabiliserait profondément le quotidien des Français et Christian Sautter salue des associations "artisans du développement territorial et les fantassins de la bataille de l’emploi".
Pour autant, nous mesurons chaque jour à quelle point le rôle des associations est méconnu. Quand une association ferme, c’est à bas bruit. Pas de mobilisation collective, pas de comité de soutien. Quand un grand média économique propose, peut être avec un peu de démagogie, à ses lecteurs de suggérer les postes de dépenses publiques qui pourraient être supprimés pour réduire la dette publique, les subventions aux associations arrivent en bonne place. Et pourtant que serait la vie sans les associations ?
Les associations construisent jour après jour une citoyenneté active. Elles sont l’expression de projets de citoyennes et citoyens engagés dans des initiatives collectives et participent d’une démocratie interactive et rénovée. Véritables corps intermédiaires au même titre que les syndicats, les partis politiques ou les organisations patronales, elles sont des interlocutrices essentielles des pouvoirs publics à tous les niveaux de décision. Les associations sont le ferment actif d’une démocratie dynamique qui s’enrichit de la libre organisation collective des citoyens et des citoyennes.
Les associations font la preuve que d’autres modalités d’agir que la recherche de la rentabilité et du profit son possibles. Elles sont porteuses d’innovations sociales et croisent les aspirations grandissantes de la population à de profonds changements au sein de la société. Elles rejoignent en cela les autres composantes de la famille de l’ESS.
Enfin, les associations agissent concrètement pour la solidarité, en France et dans le Monde. Convaincues que la garantie d’un socle de droits fondamentaux protège les citoyennes et les citoyens, et qu’il incombe à l’Etat de les rendre effectifs, elles contribuent à l’émergence de nouveaux droits.
Pour toutes ces raisons, en cette année d’échéances électorales le mouvement associatif appelle les candidats et les candidates à reconnaître les associations comme un acteur incontournable de leur projet de société et à développer une véritable politique publique de développement de la vie associative. Il est temps et le temps presse : après 110 ans de développement, les associations ont marqué en 2011 une première année de déclin (notamment en termes d’emplois) et les conditions de leur survie financière sont de plus en plus menacées. Espérons que le rendez vous des candidats face aux associations organisé le 10 mars prochain par la CPCA sera l’occasion d’en débattre.
- 1Enquête CSA/Chorum/Crédit coopératif novembre 2009