Claude Alphandéry
Les voies d’une croissance solidaire
François Hollande propose un agenda : soucieux d’évacuer le surendettement de la France et de faire basculer les courbes désastreuses du chômage, il donne rendez-vous dès 2014 à une croissance plus solidaire.
La plupart des commentateurs ont relevé que l’équation n’est pas simple : le choc inévitable de la rigueur n’est pas de nature à réanimer une économie faiblissante ni un emploi sinistré. Ou du moins, elle ne peut l’être, à défaut de projets de grande ampleur qui ne relèvent pas des seuls équilibres financiers mais d’une évolution radicale du modèle économique.
Le premier de ces projets est la mise en œuvre d’une politique européenne d’investissements qui réassure l’avenir dans des domaines qui touchent tant à la compétitivité qu’au progrès social et à la transition écologique. L’autre immense chantier, mis en avant par le Président de la République, est l’indissociabilité de la compétitivité, de la sécurisation et de la qualité du travail.
Le Labo, bien conscient de l’urgence de grandes avancées sur l’Europe et sur les conditions du travail dans une production améliorée, s’investit particulièrement dans l’indispensable promotion de l’économie sociale et solidaire (ESS) ; une ESS qui est un complément nécessaire à toute politique ambitieuse, juste, durable d’investissement productif, qui est le lien, le maillage d’innombrables initiatives de terrain et dont la créativité, la force d’innovation et de cohésion contribuent à un type de croissance porteuse de mieux-être et d’emplois.
Le projet dans lequel le Labo s’investit est le complément indispensable à toute politique ambitieuse d’investissement complément abordé sous différents angles : celui du maillage économique territorial, celui des PME/TPE dont la créativité est le ferment nécessaire aux programmes de recherche, de santé, d’énergie, de transports, de communication, etc. Ils conduisent à un autre type de croissance, au cœur de l’économie sociale et solidaire. Le Labo de l’ESS en est l’ardent promoteur.
Nous voulons attirer votre attention sur trois thèmes que, pendant ces neuf derniers mois, des groupes de travail réunissant une centaine de participants dégagent de ces fondements et qui, enrichis par vous chers lecteurs, doivent sans délai entrer dans le débat politique à tous les niveaux, pour préparer, dès maintenant, les voies de cette croissance solidaire promise en 2014 :
- Rien ne se fera si les banques restent orientées prioritairement vers les marchés financiers et si nous ne parvenons pas à introduire la non-discrimination et la transparence des banques
- Rien ne se fera si la Banque Publique d’Investissement (BPI) en cours de création ne donne pas un coup d’épaule aux outils d’épargne et de financement solidaires.
- Rien ne se fera si les Pôles territoriaux de coopération économique (PTCE), ne se multiplient pas, ne se renforcent pas, ne deviennent pas les animateurs et l’ossature d’un développement territorial fondé sur la coopération lien vers le site
Ces trois thèmes, ces trois combats s’inscrivent dans la communication de Benoit Hamon en Conseil des ministres, en vue d’une loi sur l’économie sociale et solidaire. Nul doute que l’existence même d’un ministère de l’économie sociale et solidaire (qui résulte largement des campagnes que nous avons menées) et que la volonté qui anime ce ministre constituent des atouts considérables pour faire tomber les scepticismes, pour déclencher la transition sociale, écologique, économique. Mais le succès ne peut se passer d’une grande mobilisation citoyenne. Une vaste consultation autour de ce projet de loi, une sorte de "Grenelle de l’ESS", mais un "Grenelle" abouti, doit permettre à la société civile de garder la main sur ce grand débat politique.