Les Petits Débrouillards : éducation populaire et ESS au service de la science
À la croisée entre sciences et société, éducation populaire et expérimentations, « Les Petits Débrouillards » est un réseau d’associations qui cherche à former les citoyens – et ce dès le plus jeune âge - à la démarche scientifique et au développement de l’esprit critique. Formations à l’animation scientifique et à la médiation, accompagnement de projets culturels, réalisation d’expositions et de livres pédagogiques sur différents sujets scientifiques font partie intégrante des méthodes utilisées par l’association pour permettre aux citoyens d’élargir leurs capacités d’initiatives. Plongez dans le monde merveilleux des sciences !
Appréhender les sciences pour mieux agir
Les Petits Débrouillards nous viennent du Québec où, en 1981, des journalistes scientifiques témoins de l’accroissement des avancées scientifiques et de leur fort impact sur la société, décident de créer une association pour éduquer à la pratique des sciences dès le plus jeune âge. Six mois plus tard, Pascal Desjours, objecteur de conscience, développe les premières bribes de l’association française qui s’implante rapidement dans le pays. Fort d’une présence dans soixante villes françaises, Les Petits Débrouillards est un réseau d’associations locales qui dispose aujourd’hui de 200 salariés, 2000 animateurs bénévoles et 4000 partenaires (collectivités, associations, maisons de quartiers, écoles, organismes de recherche…).
« Le cœur de métier des Petits Débrouillards c’est de mettre en place sur un territoire, des activités de pratique de loisirs scientifiques » explique François Deroo, directeur de l’association française. Très ancré dans l’éducation populaire, le réseau à une forte mission de formation et d’animation des jeunes à la connaissance scientifique. Il comporte aussi tout un volet de production d’outils pédagogiques : livres, sites participatifs, expositions, mallettes pédagogiques… Tous les moyens sont bons pour accompagner la diffusion des connaissances.
Pour ce faire, Les Petits Débrouillards travaillent en étroite relation avec le monde scientifique : « On a des compétences internes et puis après, à chaque fois on tricote avec des spécialistes et les personnes qui représentent aujourd’hui la pointe de la recherche et de la compréhension des concepts » déclare François Deroo, qui ajoute également qu’il est important pour eux de remettre les chercheurs en écoute et en interaction avec la société et de créer des ponts entre ces deux mondes.
Des thématiques ancrées dans l’actualité
Si les Petits Débrouillards couvrent des sujets scientifiques variés mais toujours très actuels, ce sont aujourd’hui trois campagnes principales qui animent leurs actions :
La première porte sur la transition écologique, ce qui permet d’aborder les changements climatiques mais aussi des questions telles que l’énergie, les déchets, notre alimentation ou encore questionner nos modes de production. Pour François Deroo « cette problématique-là, c’est la première préoccupation des jeunes, quel que soit l’endroit où ils vivent. Ils vont la poser différemment selon qu’ils habitent à Trappes ou en pleine campagne en Bourgogne mais ils posent ces mêmes questions : comment demain, on revisite notre relation à notre environnement ».
La deuxième grande campagne porte sur le numérique, pour donner à chacun un accès aux technologies qui soit au service de la citoyenneté et du savoir partagé. Si ce programme permet d’éduquer au code informatique ou à la fabrication numérique (impression 3D, modélisation d’objets…), un focus particulier est mis sur l’éducation aux médias et la compréhension des réseaux sociaux pour prévenir des risques et apprendre à s’informer.
La dernière est un programme développé depuis un peu moins de dix ans, qui touche plutôt aux sciences humaines pour comprendre le fonctionnement d’un être humain. Il consiste, à travers des activités (des affiches, une exposition et une malle pédagogique…) issues des champs de la sociologie ou de la psychologie, de saisir les processus de fabrication des stéréotypes et la manière dont ils se développent. Cela permet notamment d’ouvrir les jeunes aux questions de genre et de différences culturelles.
Chaque programme est décliné avec des activités et outils pédagogiques différents adaptés à chaque âge. Ainsi, Les Petits Débrouillards interviennent aussi bien auprès de maternelles que de collégiens et de jeunes adultes mais ils ne s’interdisent aucun public car « sur la plupart des concepts scientifiques actuels, on va dire que 80% de la population n’est pas au courant, donc quand on travaille pour un gamin de 15 ans, on peut travailler pour toute la société » révèle le directeur national.
Des thématiques ancrées dans l’actualité
Les premiers partenaires du réseau sont les collectivités locales puisque ce sont elles qui le financent à 98% et qui sont en charge des questions de jeunesse. Mais Les Petits Débrouillards travaillent également avec des instituts de recherche comme le CNRS, l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale, des musées comme le Muséum d’histoire naturelle ou le CNAM, des ONG comme Emmaüs, la Fédération de la Solidarité, la Fondation SNCF et même des entreprises comme Albin Michel ou Google pour la diffusion. L’action partenariale est très importante pour le réseau qui entend d’abord mettre les adultes d’accord sur un territoire avant d’agir auprès des plus jeunes.
Avec des actions dans plus de 2000 villes, le réseau a choisi de se concentrer sur les milieux les plus éloignés des sciences. Il est ainsi actif dans 500 quartiers politiques de la ville. Il a également développé des outils d’itinérances et dispose de 12 minibus. Réels laboratoires à quatre roues, ils sillonnent les campagnes pour « accompagner des jeunes citoyens à apprendre la totalité des possibles qui leur sont donnés dans la vie par la démarche expérimentale et le développement de l’esprit critique » déclare le directeur.
Chaque association régionale est libre de développer ses propres actions même si le siège du réseau impulse de grandes thématiques car « on ne va pas parler de la même chose à Manosque qu’à Lorient car l’agenda et le contexte ne sont pas les mêmes » précise François Deroo. Ce sont d’ailleurs le plus souvent les salariés des associations locales qui font remonter les sujets qui intéressent leur territoire mais aussi les modalités d’actions utilisées. Cela permet à l’association de s’adapter pleinement au public visé en fonction non seulement de l’âge mais aussi de problématiques plus locales.
Rendre la science accessible en mêlant apprentissage et expérimentation, apprendre à problématiser et à se questionner pour mieux transformer la société, voilà l’un des enjeux des Petits Débrouillards. Réseau d’associations d’actions et de terrain, ils forment les jeunes d’aujourd’hui et les citoyens de demain pour une meilleure connaissance et de notre société et du monde qui nous entoure. Et espérons qu’ils continuent !
Rédaction : Sophie Bordères
Crédit photos : Les Petits Débrouillards