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Publié le 23 avril 2015
Transition énergétique citoyenne
Mots clés
ESS
transition énergétique
écologie
citoyens

Les citoyens ont un rôle déterminant à jouer dans la transition énergétique.

La France prévoit de passer à 32 % sa part d’énergies renouvelables dans le mix énergétique en 2030. Le potentiel de la transition énergétique est plus large que la question technique de la production d’énergie. L’appropriation de la question par les citoyens permet de penser un modèle économique démocratique auquel l’ESS peut davantage contribuer.

La transition énergétique est le processus qui doit permettre de passer d’un modèle énergétique fondé sur les énergies fossiles et le nucléaire vers une production et une consommation basse en émission carbone (énergies renouvelables en substitution des énergies fossiles, transports propres, rénovation du bâtiment, circuits courts alimentaires et énergétiques, …).

Au sein de ce vaste ensemble, une part modeste et pourtant porteuse d’un autre projet socio-économique émerge : la transition énergétique citoyenne. Ce mouvement qui porte toutes les caractéristiques de l’économie sociale et solidaire permet d’envisager un système de production d’énergie décentralisé, efficace, démocratique, porté et financé par les citoyens.

La transition énergétique est la pierre angulaire des enjeux du changement climatique dont La Cop21 se saisira à la fin de l’année. L’ESS pèse pour le moment peu dans les débats, pourtant son apport dans la transition énergétique offre de grandes opportunités pour chaque citoyen.

Un potentiel énorme et inexploité

Chacun peut participer de manière collective ou individuelle à la transition énergétique. En investissant sur une plateforme de financement de projets citoyens d’énergies renouvelables (EnR) comme Energie partagée, en devenant sociétaire d’une coopérative énergétique, en faisant poser des panneaux solaires sur son toit ou en achetant son énergie à un fournisseur d’électricité renouvelable comme Enercoop. Il existe ainsi deux entrées possibles : par la consommation ou bien par la production d’électricité individuelle ou collective.

Aujourd’hui, des citoyens se réunissent déjà pour produire les énergies dont ils ont besoin. Ils fondent des coopératives, associent la collectivité à leur projet et se financent par le crowdfunding. Se faisant, ils créent leurs propres emplois et bénéficient directement d’énergies renouvelables produites sur le territoire à coût réduit.

La production d’EnR sous cette forme, caractéristique de l’ESS, présente de nombreux atouts. Elle permet d’une part de gagner en efficacité : l’énergie est produite et consommée en circuit court et les citoyens engagés dans la production d’EnR sont davantage sensibles à la sobriété et à l’économie d’énergie. Elle génère d’autre part de la cohésion sociale : les acteurs locaux choisissent de s’investir dans la production d’EnR et ne subissent plus les aménagements imposés (limitation de l’effet de rejet « Not in My Backyard »). Les citoyens bénéficient en outre directement des retombées économiques de leur projet sur leur territoire : création d’emplois, baisse des coûts de l’énergie, … Le portage citoyen permet enfin de mobiliser de l’épargne locale et de la mobiliser sur des projets locaux grâce à des circuits courts de financement.

In fine, plus que la recherche de lucrativité, une logique d’intérêt général est promue, une meilleure stabilité des entreprises - qui se trouvent moins soumises à la volatilité des capitaux - est assurée.

En Allemagne déjà 51% des capacités de productions sont entre les mains des citoyens. Sous différentes formes et en particulier au travers des plus de 1 000 coopératives énergétiques. Pour la seule année 2012, l’investissement des citoyens pèse 5,1 milliards d’euros (à comparer aux 1,7 milliards d’euros investis par les énergéticiens traditionnels). Au Danemark les politiques publiques sont particulièrement incitatives puisqu’elles poussent à ouvrir 20% du capital des installations d’EnR aux habitants qui en sont proches. Les 100 000 coopérateurs danois sont à la tête de 15 % des installations éoliennes.

Transition énergétique citoyenne

La France est bien loin d’être aussi avancée que les exemples danois et allemand. Pour autant, de multiples initiatives ont vu le jour dans la dernière décennie, marquée par un très fort ancrage dans leur territoire.

Une étude du CESE conduite en Europe reconnaît l’apport des citoyens dans la transition énergétique comme une opportunité extraordinaire pour rendre la production et la consommation d’énergie démocratique et participative. Le rapport fait également des propositions pour améliorer la législation et amplifier l’action citoyenne.

Il n’est pas exagéré de dire que cette voix spécifique de la transition énergétique citoyenne en France est pour l’instant microscopique. Elle démontre pourtant qu’il est possible d’avancer vers une véritable démocratie économique et de porter un projet de société renouvelé. Les acteurs de l’ESS peuvent amplifier la démarche. Changer de fournisseur d’électricité, mettre en place un plan d’action de réduction des consommations ou investir dans la production d’EnR : c’est possible pour chacun et dès aujourd’hui !

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