La transition écologique : un projet de vie en commun

S’il est un enseignement que nous devons tirer de ces dernières années, c’est que nous ne sommes pas égales et égaux devant des crises qui, bien que globales et engageant notre avenir commun au-delà même des frontières nationales et européennes, ne nous touchent pas toutes et tous avec la même intensité. Nous l’avons vécu pendant la crise sanitaire, nous le percevons à nouveau au cœur de la crise énergétique. Le risque est collectif mais il pèse bien plus lourdement sur celles et ceux qui, parmi nous, sont confrontés à une situation de précarité. Voilà pourquoi les exigences de solidarité sont plus fortes que jamais.

Alors que les derniers rapports du GIEC confirment qu’il ne s’agit plus de prévenir le changement climatique mais bien de s’y adapter tout en renversant la trajectoire de nos émissions, il est impensable de réfléchir à la question écologique sans la relier à la question sociale. Si elle ne va pas dans le sens d’une plus grande justice sociale, la transformation écologique ne pourra que se solder par l’aggravation des inégalités et l’affaiblissement de la cohésion de notre démocratie. Elle n’en sera que plus retardée encore, alors que notre survie est en jeu. Une société fragilisée, de plus en plus clivée, dans un environnement dégradé, au péril de notre vie démocratique, voilà le risque.

Cette marche à l’abîme n’est pas une fatalité. La transition écologique est un impératif, une épreuve mais aussi et d’abord une formidable occasion de retisser le lien social, indissociablement d’un autre rapport à la nature comme nous y engageait Bruno Latour, le moment, de transformer notre économie, de faire prévaloir des logiques de coopération pour le bien commun. La transition écologique n’est pas qu’une issue de secours, c’est un projet de vie en commun dans lequel toutes et tous doivent avoir leur place selon leurs envies et capacités et pour lequel chacun doit pouvoir s’exprimer et contribuer.

Ouvrir la possibilité de prendre leur place dans cette grande mobilisation sociale et écologique pour celles et ceux qui, aujourd’hui, subissent tant de fragilités, d’empêchements, de fatalités, voilà la raison d’être d’une transition écologique juste. Si elle suppose bien des efforts de tous, pesant équitablement et d’abord sur celles et ceux dont le mode de vie est intenable, cette transformation écologique sera avant tout émancipatrice.

Nous avons avec cette étude voulu l’affirmer, mais surtout la faire vivre cette transition écologique juste.  à travers certaines des innombrables réalisations de l’économie sociale et solidaire réalisé dans notre pays. L’action collective à partir des personnes en pauvreté et en précarité, sur leurs lieux de vie, avec celles et ceux qui les accompagnent, notamment dans les associations, voilà la transformation écologique juste à l’œuvre avec l’ESS qui inlassablement quitte les marges de la société et de l’économie pour en emplir le cœur. Tant par leur objet – centré sur l’utilité sociale et environnementale – que par leurs actions et leur fonctionnement démocratique, décentralisé et participatif, les structures de l’ESS sont pionnières, inventant des solutions dignes et durables et ouvrant des espaces d’échange, de transmission et de solidarité propices au développement de l’autonomie individuelle et collective. C’est sur ces initiatives – autant de sociétés écologiques et justes en germes – que nous avons voulu diriger les regards, dans une période où nous avons tant besoin de réalités de vie inspirantes.

L’ESS nous le montre : ensemble, nous allons réussir une transition écologique juste.