La RSE et l’ESS peuvent converger
La Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) est doublement bénéfique aux organisations de l’ESS en termes de débouchés et de progression sur leurs pratiques.
La RSE est une démarche volontaire des entreprises qui peuvent décider d’en faire une politique de développement durable de leurs activités. Se faisant, elles décident d’aller au-delà des obligations légales. Des référentiels et des conventions encadrent ces pratiques (OIT, OCDE). La norme ISO 26 000 est le cadre de référence.
Cette dernière, pas rectifiable et non contraignante, a été conçu pour s’appliquer à tous types d’organisations (entreprises, ONG, associations, collectivités locales, etc.). La grille de critères est par ailleurs large et exhaustive pour permettre de couvrir tous les impacts des entreprises quelle que soit leur taille. Sept domaines ont été définis : la gouvernance ; l’organisation (la transparence, la responsabilité de rendre compte et le dialogue avec les parties prenantes) ; les droits de l’homme ; les conditions et les relations de travail ; l’environnement ; les bonnes pratiques des affaires ; les questions relatives aux consommateurs ; l’engagement sociétal.
En France, à peine plus d’un quart des entreprises françaises de plus de 9 salariés déclare s’impliquer réellement dans des démarches responsables et 60% déclarent ne pas connaître cette notion. La RSE, d’après la récente étude de France Stratégie publiée début 2016, noue un lien très fort entre responsabilité sociale des entreprises (RSE) et compétitivité. L’étude pointe un écart moyen de 13% de gain de performance économique entre les entreprises qui appliquent une politique RSE et celles qui ne le font pas.
La RSE est donc un enjeu de compétitivité pour les entreprises elle peut l’être pour les acteurs de l’ESS pour de multiples raisons.
Des opportunités économiques pour les acteurs de l’ESS
Si l’adoption de la RSE par les multinationales est souvent évoquée, celle des PME est également importante à développer. Ces dernières constituent un tissu productif majeur sur lequel peut s’appuyer l’ESS pour trouver des débouchés économiques dans le cadre de leurs achats responsables. A l’image des Jardins de Cocagne pour qui il est plus simple de vendre des paniers de produits issus de maraîchage bio d’insertion aux entreprises qui appliquent une politique RSE. Les deux parties devront néanmoins évoquer les raisons de convergences possibles, négocier leurs tarifs, comme une prestation classique.
Pour les associations notamment c’est aussi un moyen de se professionnaliser grâce au mécénat de compétences. A titre d’exemple Koeo.net, est une plateforme web qui met en relation les associations et les entreprises qui mettent à disposition leurs salariés. Pour ces dernières, c’est un outil de motivation des salariés.
Les réseaux d’accompagnement des entreprises sociales considèrent la coopération avec des entreprises classiques qui appliquent la RSE comme importante pour la création d’opportunités pour des personnes éloignées de l’emploi. Au-delà des achats de prestations que peuvent faire ces entreprises auprès d’entreprises sociales, les débouchées en terme de sortie du circuit d’insertion (embauche par des partenaires après la période d’insertion) sont visées.
Autre levier important, les collectivités ont pour certaines l’obligation de passer des achats responsables grâce aux clauses d’achat responsables. C’est pour elles une occasion supplémentaire de servir l’intérêt général. Elles peuvent encourager les démarches de RSE et ainsi contribuer à son essor dans l’entreprise. C’est le cas du Conseil Régional de Pays de Loire qui a mis en place un Fonds régional d’aide au conseil pour la RSE. ou encore de la région PACA qui accompagne les entreprises dans leur démarche RSE : en 2014, 200 entreprises ont été suivies.
Vecteur de progression pour l’ESS
Le terme de RSO (Responsabilité Sociétale des Organisations/Organismes), est parfois préféré à celui de RSE car il englobe dans ses termes également les organisations non-lucratives ou publiques. Les acteurs de l’ESS qui ont une vocation sociale ou solidaire, auraient tout à gagner à s’approprier également ce principe pour être certain d’évoluer dans les principes qu’ils prétendent appliquer, ou tout simplement progresser dans d’autres dimensions listées par la norme ISO 26 000.
C’est en effet l’opportunité pour elles de progresser sur plusieurs leviers et d’ancrer leurs pratiques sur les territoires et de solidifier leurs liens avec les parties prenantes. Selon un guide édité par la Confédération Générale des SCOP, la RSE est un levier permettant d’aller plus loin que les principes statutaires.
Elle présente des intérêts importants pour l’entreprise tels que :
- Anticiper les évolutions de son marché : mieux répondre aux appels d’offre publics, se démarquer de la concurrence.
- Devancer les nouvelles législations : en accompagnant les mutations à l’œuvre dans les secteurs (ex : les énergies renouvelables qui impactent le secteur des transports.
- Mobiliser l’ensemble de parties prenantes autour d’un projet : apprendre à travailler collectivement. Les entreprises qui mènent des actions de RSE coopèrent six fois plus que les autres. Un effet réseau se crée.
- S’impliquer dans le tissu local : le lien au territoire se trouve renforcé par les actions de coopération mises en place.
- Créer une démarche d’amélioration continue : la norme ISO 26000 conduit les organisations à remplir des obligations qu’elles ne s’étaient pas imposées et à progresser sur davantage d’items.
- Valoriser une stratégie environnementale : revisiter l’ensemble des pratiques habituelles pour en changer au service de l’environnement.
Les entreprises de l’ESS peuvent tirer plusieurs bénéfices : innovation, réputation, efficacité et motivation des salariés, attractivité…
A titre d’illustration, le Crédit Coopératif se situe dans une logique de progression notamment sur les volets de transparence qui lui permettent de communiquer à ses clients sur l’utilisation faite de leur argent. Ce faisant, il se rapproche étroitement de la définition d’un Circuit Court Economique Solidaire (CCES) comme définie par le Labo de l’ESS.
Le secteur associatif avec ses 2 millions de salariés et ses 70 millions d’euros de budget est un acteur majeur de l’économie française. A ce titre, son inscription dans les principes du Développement Durable est stratégique. Le Comité 21 a édité un guide de la responsabilité des associations pour qu’ils puissent eux aussi progresser dans leurs pratiques.