Claude Alphandéry
L’État et le citoyen
La loi sur l’ESS est sur le point d’être votée. Elle a fait l’objet d’une vraie concertation entre l’ensemble des acteurs de l’ESS et les pouvoirs publics, sous l’autorité de Benoit Hamon ; le LABO de l’ESS y a pris une large part. Cette loi est un grand pas en avant. Elle définit les principes et les valeurs de l’ESS ; elle marque sa place dans l’économie, son rôle dans le développement des territoires ; elle reconnaît sans exclusive tous ceux qui se réclament explicitement de sa finalité sociale et de son fonctionnement démocratique.
Pour autant, la loi ne suffit pas si elle est fermée sur elle-même. L’ESS reste encore sans référence précise dans les grandes orientations des politiques publiques : des lois budgétaires, sur la transition énergétique, sur les compétences des collectivités décentralisées, ou plus généralement sur le "Pacte de Responsabilité et pacte social". Que l’ESS soit ainsi marginalisée au moment où le système économique est atone face aux effets destructeurs de la crise, que les autorités publiques se saisissent mal des alternatives proposées, cela montre que les citoyens ont encore beaucoup à peser contre une évolution qui est à maints égards, désastreuse, mais pas irrésistible.
La France a connu, pendant la dernière guerre, dans des moments plus difficiles, une résistance faible au départ puis victorieuse. Cette résistance se manifeste aujourd’hui par une multitude d’initiatives. Ces forces d’ordre civique irriguent la société dans son fonctionnement social, économique et politique. Les deux exemples mis en avant dans notre focus « ESS et dynamiques territoriales » montrent aussi la dynamique des acteurs publics territoriaux pour innover et accompagner ces dynamiques. La tribune de Pierre Calame marque le rôle des PTCE dans la construction du capital immatériel des territoires et nourrit la réflexion tant sur les territoires que sur l’ESS. En moins de 10 ans, les mots de "responsabilité sociale", "d’innovation sociale", de "circuits courts", "d’économie circulaire", "collaborative" sont entrés dans le langage commun et médiatique, sinon dans celui de la macro-économie.
Le Labo de l’ESS s’inscrit comme un passeur, un rassembleur et un aiguilleur utile pour mobiliser ces forces. Et Hugues Sibille est lui-même un formidable passeur, rassembleur, aiguilleur ; son parcours, ses convictions, son énergie, le mène naturellement à la présidence du LABO de l’ESS, accepté unanimement par notre Conseil d’Administration et notre Assemblée Générale.
Hugues prendra cette responsabilité au mois d’octobre prochain et je me réjouis de poursuivre mon investissement au sein du LABO de l’ESS au titre de Président d’honneur.