L’Etabli : Quand partage et bricolage font bon ménage !
Bricothèque mais pas uniquement, l’Etabli mutualise des outils tout en offrant aux adhérents un lieu dédié au bricolage et en organisant des ateliers qui permettent de transmettre diverses compétences autour des activités manuelles. Véritable école de la sobriété, de l’apprentissage et du partage, cette association est aussi un fort vecteur de lien social.
Une bricothèque de la sobriété et du partage
Fondé en 2015 près d’Angers, l’Etabli propose une banque d’outils où des adhérents mettent à disposition leurs outils que d’autres adhérents peuvent emprunter sur plusieurs jours moyennant 2 ou 5 euros par jour selon qu’il y a un moteur ou non. La bricothèque, est en quelque sorte la bibliothèque du bricolage. Michel Akkaoui, le Président et fondateur de l’Etabli a d’ailleurs choisi d’installer l’association dans un local physique transformé en atelier afin que les adhérents puissent aussi venir « travailler, bricoler ou faire du bruit et de la poussière ce qui n’est pas forcément possible chez soi ».
L’idée originelle du projet consistait en une plateforme de partage d’outils en ligne. Mais cette idée s’est avérée peu concluante car il est difficile de créer du lien autour des savoir-faire manuels via le numérique. « J’étais parisien jusqu’à il n’y a pas longtemps, je vivais dans un petit appartement et j’avais envie de bricoler mais je n’avais pas d’espace ni d’outils ni même les savoirs faire, du coup j’ai voulu concrétiser cette idée-là » raconte Michel Akkaoui qui a profité d’un déménagement pour délaisser le numérique et s’implanter sur le territoire.
L’Etabli a ainsi fait le choix affirmé de tirer parti des appareils inutilisés qui prennent souvent de la place dans nos lieux de vie : « ça nous évite d’avoir à acheter du matériel neuf et on exploite réellement le matériel inutilisé qui dort chez les gens » raconte Michel Akkaoui. Ainsi ce sont plus de 400 outils disponibles au prêt allant de la perceuse au ciseau à bois en passant par la scie circulaire. Mais attention, l’association pousse la mutualisation bien plus loin puisque l’on trouve aussi des outils de jardins tels que la bèche ou la binette, des appareils électroménagers comme une couscoussière ou encore des skis, des baudriers ou des amplis. Professionnels et particuliers sont invités à se délester des outils dont ils ne se servent plus pour que d’autres puissent en profiter. Mutualiser et réutiliser, c’est aussi ça la sobriété !
La transmission au cœur du projet
Si de nombreuses personnes viennent louer des outils ou bricoler directement à l’Etabli, l’association, forte de ses 200 adhérents, anime régulièrement des ateliers participatifs autour des compétences manuelles. Des initiations à la soudure, à la couture ou au travail du bois sont ainsi organisées périodiquement. Animés par des bénévoles compétents, ces ateliers permettent aux personnes qui le souhaitent d’apprendre les bases pour ensuite pouvoir construire ou fabriquer par elles même.
Des ateliers sont aussi organisés auprès d’autres structures « par exemple aujourd’hui, on faisait un atelier avec l’école de commerce d’Angers, l’ESSCA. On accompagnait des étudiants à réaliser du petit mobilier pour chez eux à partir de bois récupéré »
En complément, l’Etabi accompagne des collectivités locales à Angers et aux alentours à la création de Repair Cafés ou sur le ré-emploi de matériaux. Ce sont tous ces ateliers et l’accompagnement des collectivités qui permettent à l’association de générer un minium de revenu pour pouvoir perdurer.
Établir du lien social
En plus de favoriser la sobriété énergétique et l’économie circulaire, l’Etabli a su s’ancrer dans le territoire et bâtir un fort lien social. « On joue beaucoup sur le lien social avec la rencontre entre le bénévole et l’adhérent qui a un besoin » explique le Président qui ajoute que les ateliers participatifs se déroulent en groupes très restreints pour pouvoir échanger au maximum ; en outre, comme « chaque génération à ses compétences » l’Etabli fédère les jeunes et les moins jeunes tout comme « de façon très surprenante il y a autant de filles que de garçons » s’enthousiasme-t-il.
D’autant que l’Etabli accueille aussi bien des adhérents plutôt aisés qui souhaitent revoir leurs modes de consommations que des personnes pour qui la bricothèque est une vraie solution économique pour réaliser des projets. L’association travaille d’ailleurs en lien avec le CCAS pour promouvoir la structure auprès des personnes les plus défavorisées. Des apéros festifs et journées thématiques viennent renforcer les liens entre les adhérents et créer une forte communauté.
Et pour boucler la boucle, l’Etabli, depuis sa création, est partenaire d’une ressourcerie locale, la Ressourcerie des Biscottes, car « les déchets de la ressourcerie se transforment en ressource pour nous », des pièces détachées de vélos invendables en ressourcerie pourront ainsi servir lors d’un atelier de fabrication ou de réparation d’un vélo à l’Etabli !
Si Michel a un rêve pour la suite ? Voir essaimer des bricothèques formule « L’Etabli » un peu partout en France ! Il est d’ailleurs contacté par des collectivités locales intéressées mais pour le moment l’association ne dispose pas d’assez de ressources humaines et financières pour pouvoir accompagner la création d’autres structures sur le territoire. C’est un des projets à long terme mais encore faudra t’il trouver des financements !
Ancrage territorial, lien social, sobriété énergétique et ré-emploi : l’Etabli démontre par l’exemple qu’il est possible de concilier sobriété énergétique et bonne humeur, partage et création, mutualisation et social ! De quoi donner aux plus gauches d’entre nous l’envie de se mettre au bricolage !
- Retrouvez toutes les informations sur le site de l’Etabli
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