Familles à Energie Positive, le programme du CLER pour une consommation énergétique plus sobre
Issu de l’essaimage au niveau national d’un programme né en Haute-Savoie en 2008, Familles à Énergie Positive vise à accompagner les citoyens vers un changement durable dans leurs comportements afin qu’ils adoptent des éco-gestes systématiques pour une consommation énergétique plus sobre. Résultat : 8% d’économie d’énergie et 9,3 % d’économie de CO2 en moyenne pour 30 000 personnes sensibilisées chaque année.
Des défis conviviaux pour une transition énergétique à travers la sobriété
Le point de départ du programme est simple : « Montrer aux familles les pôles de consommation et les amener à réduire leur empreinte grâce à des éco-gestes », résume Julien Camacho, responsable du programme au CLER, réseau pour la transition énergétique qui a repris le pilotage national du programme fin 2017 à la suite de Prioriterre. Parti d’objectifs de réduction de la consommation d’électricité et de gaz, le programme s’est développé également vers la maîtrise de la consommation d’eau, puis vers les enjeux liés aux déchets, à la mobilité, et s’oriente à présent aussi vers l’alimentation et la lutte contre le gâchis alimentaire. Les personnes s’engagent volontairement dans le programme, qui dure six à sept mois, et constituent des équipes regroupant plusieurs familles. Chaque année en France, ce sont 8 000 familles qui participent à ces défis conviviaux construits autour de rencontres au niveau du quartier et de la ville, avec pour objectifs de nouer des liens et de s’entraider dans les défis. Des interventions d’experts pour une meilleure connaissance technique et d’évaluation de sa progression sont mises en place grâce à une plateforme en ligne qui permet de comparer ses relevés ponctuels de consommation d’énergies dans la durée.
« Ce programme a pour but de changer le comportement de consommation en amenant les participants à entrevoir la sobriété énergétique d’un œil positif et sous l’angle de la transition énergétique citoyenne », explique Julien Camacho, avant de rappeler : « Le premier des trois piliers de la transition énergétique, selon le scénario de l’association Negawatt, est la sobriété : avant de nous demander comment mieux produire de meilleures énergies, il faut que nous arrivions à consommer moins. »
La convivialité et le lien social pour changer nos comportements
Familles à énergie positive est le plus souvent porté localement dans le cadre de partenariats entre des structures associatives et des acteurs publics : pour l’édition 2017-2018 (le programme ayant toujours lieu dans les mois d’hiver), ce sont 83 territoires qui sont concernés. Le programme s’appuie sur le maillage territorial et est animé le plus souvent par des structures qui portent les missions d’Espaces Info Energies (EIE) : agences locales de l’énergie et du climat, agences de l’habitat, agences de la rénovation, etc. « Tout ne doit pas reposer sur les comportements individuels. Le contexte réglementaire et l’implication de tous les acteurs, et notamment les acteurs publics locaux, sont essentiels pour créer les conditions de la transition », ajoute Julien Camacho.
Grâce aux six ou sept premières années de mise en place de Familles à Énergie Positive et aux retours locaux consolidés au niveau national, le programme est aujourd’hui stabilisé dans les approches d’expertise technique. Ce socle stable permet aux familles d’avoir une vue claire de la maîtrise des énergies en lien avec leur logement. Le format de l’animation d’un défi, qui requiert un engagement fort et volontaire de la part des participants sur une durée relativement longue et sur une échelle géographique allant d’une petite commune à une métropole ou un PNR, est quant à lui relatif aux moyens humains et financiers dédiés par le territoire. Souvent, sa mise en œuvre est rendue possible grâce à l’implication d’acteurs du conseil en énergie qui bénéficient de financement croisés (ADEME, régions, départements...), et à leur coopération avec les collectivités locales.
« L’aspect convivial sert avant tout à permettre la bascule de la prise de conscience individuelle, ou au sein de la cellule familiale, vers le changement de comportement et les pratiques collectives. L’accompagnement des foyers par des professionnels de l’énergie permet quant à lui l’acculturation des participants à des notions techniques telles que l’habitat, la façon de se chauffer, etc. : des informations beaucoup plus précises que les connaissances que les gens ont communément sur ces sujets ! », rapporte Julien Camacho. Surtout, l’aspect convivial permet d’atteindre l’équilibre recherché entre l’accompagnement individuel et l’échelle collective. « Nous nous sommes rendu compte que la qualité de la démarche repose sur cet équilibre : il y a une très forte relation entre le comportement individuel et le comportement collectif. C’est pour cela que les défis se font en famille, au sein du foyer, et en équipe à l’échelle du quartier. La discussion est très importante : pouvoir discuter des représentations et des valeurs est essentiel, d’abord au sein de la famille, avec les enfants, et aussi entre familles. C’est cela qui active la dimension psycho-sociale du changement de comportement », explique Julien Camacho.
Bilan, leviers et projections pour le développement
Si l’approche socio-technique est le levier essentiel activé par le programme pour atteindre le changement de comportement, « il apparaît aussi comme une limite à la popularisation du programme, dans un contexte de rationalisation des moyens alloués à l’accompagnement des participants et à l’organisation de l’action ». On ne change pas de manière de consommer simplement à partir d’informations, bien que la transmission des connaissances amène à plus d’autonomie dans la maîtrise de ses consommations d’énergies. On ne change pas non plus simplement en se rendant compte de l’effet de notre comportement : « Avec la plateforme web, chaque famille a son espace où elle peut comparer ses factures par rapport aux années précédentes et se rendre compte de l’impact de son changement de comportement, mais seul, cela ne suffit pas. Le changement de comportement durable n’est possible que par une approche sociale, technique et comportementale et une démarche volontaire et suivie sur un moyen ou long terme. »
En 2018, le programme prend un nouveau départ, avec ces retours d’expérience et des résultats annuels de l’ordre de : 1230 kWh/ an économisés par foyer, une baisse de la consommation d’énergie de 8% et empreinte carbone diminuée de 9%.
« Nous avons deux défis, développe Julien Camacho. D’une part, régénérer le programme, par exemple en insistant davantage sur des enjeux que nous n’abordons pas directement mais qui représentent de considérables leviers de transition, comme l’alimentation, mais aussi en refondant notre plateforme pour une meilleure utilisation des différentes parties prenantes : citoyens, partenaires, collectivités…. L’autre défi, c’est celui de la massification. Aujourd’hui, les défis peuvent par exemple concerner 300 foyers dans une agglomération : nous souhaitons démultiplier ces chiffres. Dans certaines métropoles, cela pourrait être 5 000 foyers participants ! Familles à Energie Positive est maintenant un programme mûr : ce n’est pas une petite action événementielle, mais un véritable programme d’animation territoriale pour relever les défis de la transition écologique. »
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