Tribune
Publié le 6 mars 2024
Bernard Latarjet

Bernard Latarjet

Référent Culture du Labo de l’ESS

ESS et culture : les suites d’un chantier

Edito rédigé par Bernard Latarjet Référent Culture du Labo de l’ESS sur la thématique «Culture et ESS».

Les entreprises culturelles représentent 17% des établissements de l’ESS. 70% des entreprises de la rubrique « Arts et spectacles » de l’INSEE appartiennent à l’ESS.  

Face à ce constat et conscient de la place de la culture dans l’ensemble des transitions sociétales en cours, le Labo de l’ESS a engagé en 2017 un chantier : « Rapprocher la culture et l’économie sociale et solidaire ». 

Le Labo souhaitait promouvoir le rôle de l’ESS et de la troisième voie qu’elle incarne, au regard d’un paysage culturel français de plus en plus fracturé entre, d’une part, un secteur public menacé de sclérose par la dégradation des subventions, s’adressant à « l’entre soi » d’un public privilégié, moins créateur de cohésion que de clivage, et d’autre part un entreprenariat industriel créatif, cœur de l’attention des financeurs, mais soumis au marché et détaché des finalités d’utilité sociale. 

Cependant, une nouvelle génération d’entrepreneurs, y compris dans les institutions, refusent la fatalité de cette fracture. Soucieux de réduire les inégalités sociales et territoriales, d’innovation culturelle et managériale, d’efficacité économique, ils n’opposent plus entreprises publiques et entreprises commerciales dès lors que celles-ci font leurs marqueurs de la loi Hamon. Il faut soutenir leurs efforts. Telle était l’ambition alors que ces efforts demeuraient négligés tant par les politiques publiques que par les instances nationales de l’ESS. 

Ce chantier s’est construit en trois chapitres. 

Fin 2017, le Labo a publié un rapport d’enquête, état des lieux accompagné d’une première présentation de « voies d’actions » fondées sur les expériences exemplaires repérées et analysées sur le territoire national. 

Au cours des étés 2018 et 2019, dans le cadre du festival d’Avignon, ces premières conclusions ont été débattues lors de deux rencontres rassemblant chacune plus de 300 acteurs. 

Simultanément, au long de l’année 2019, un collège de 15 entrepreneurs et organismes culturels implantés dans différentes régions et porteurs d’activités diverses, s’est réuni bimestriellement pour préciser, approfondir, formaliser les propositions rassemblées lors des chapitres précédents. Celles-ci furent organisées selon quatre thèmes : consolider et créer des lieux pour les entreprises culturelles sociales et solidaire ; accompagner et former les porteurs de projets ; développer la coopération, sous toutes ses formes ; adapter les modèles économiques et les outils de financement des entreprises. 

Vingt propositions concluaient ces travaux. Parmi elles, sept furent privilégiées comme étant les plus directement et immédiatement applicables face aux contraintes de toutes sortes, notamment budgétaires, qui avaient été prises en compte. 

Puis vint la pandémie. 

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Depuis lors, une part significative des propositions du Labo de l’ESS a été prise en compte et des résultats positifs ont été obtenus : 

-  Un membre du collège du Labo de l’ESS a été désigné pour représenter le ministère de la culture et les entreprises cultuelles au sein du Groupement d’Intérêt Public (GIP) « France Tiers-lieux »,  

-  Le Groupement interministériel, doté d’un fonds de 45M€ (investissement et fonctionnement) apporte un soutien significatif à la création et au fonctionnement des tiers-lieux culturels qui représentent 30% de l’ensemble des tiers-lieux en France, 

-  A cette aide, s’ajoutent les concours du nouveau « Fonds d’innovation culturel » récemment créé au ministère de la culture ainsi que ceux, en forte croissance, des collectivités territoriales, 

-  Le soutien au centre de ressources national du DLA culture (dispositif local d’accompagnement) a été conforté. La durée et les moyens du DLA sont doublés dans le cas de projets d’accompagnement de tiers-lieux, 

 - La naissance de la première SCIC foncière culturelle a été aidée par l’Etat sur une période de lancement de trois ans, 

-  La sélection des projets financés au titre des « Plans d’investissement d’avenir » (PIA) a réservé une large place aux projets des entreprise culturelles de l’ESS, 

 - La coopération entre les acteurs est désormais un critère majeur d’attribution des aides de l’Etat. 

Ce bilan rigoureux est concret. 

Le Labo de l’ESS et son collège « ESS et culture » ne sont pas, bien entendu, les seuls initiateurs des mesures prises, mais leurs analyses et leurs préconisations sont à l’origine de la plupart d’entre elles. La traduction de leurs travaux dans les actes marque une étape significative du développement de l’ESS dans le monde de la culture, et nous tenons à remercier une nouvelle fois tous les acteurs mobilisés à nos côtés qui ont permis de contribuer à atteindre ces résultats tangibles. 

Bernard Latarjet 

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