Bigre ! : inventer la “mutuelle de travail associé“
Comment dépasser l’alternative "travail salarié subordonné"/"travail indépendant précarisé" ? Un extrait de la publication « Transformer l’emploi, redonner du sens au travail », sortie en février 2017, réalisée par le groupe de travail « Nouvelles formes d’emploi » du Labo de l’ESS.
Quand les Coopératives d’Activité et d’Emploi (CAE) proposent un modèle coopératif et mieux protégé de travail indépendant
Créé fin 2014 par trois CAE (Coopaname, Oxalis, Grands ensembles) et une SCIC (Smart), « Bigre ! » rassemble aujourd’hui une dizaine de structures. « Contre la tendance à l’atomisation et à l’auto-exploitation qui se dessine, nous voulons réfléchir ensemble, coopérer et participer à une aventure collective qui inventera le travail du 21ème siècle », expliquent Noémie de Grenier, Anne-Laure Degris et Sandrino Graceffa, trois des initiateurs du groupement. « Bigre ! veut inventer une organisation économique collective, source de droits et de solidarités sociales, qui permette à chacune et à chacun de ses membres de bien vivre de son métier, qui réconcilie la liberté d’entreprendre et la solidarité et limite les risques sociaux et financier de l’activité ».
Pour avancer, Bigre ! pratique la coopération et la participation. Autour d’évènements (séminaires, rencontres, etc.), une communauté de plusieurs milliers de sociétaires est ainsi en train d’apprendre à travailler ensemble. Jardiniers, artistes, interprètes, bergers, consultants, menuisières, artisans, e-commerçants, auteures, saisonniers, etc., ils souhaitent dépasser l’alternative travail salarié subordonné/travail indépendant précarisé et inventer un nouveau cadre.
« Nous voulons aussi réduire l’importance des financements publics dans le modèle économique de nos CAE, pour pouvoir les ouvrir au plus grand nombre de travailleurs autonomes » soulignent ses fondateurs. Dans ce but, Bigre ! a lancé un important chantier de mutualisation des fonctions support (en matière de gestion, recherche, protection sociale, finance, gestion des statuts juridiques des personnes, etc). « Enfin, nous réfléchissons à comment répondre aux diverses situations rencontrées par les travailleurs autonomes en France et aussi, plus largement, en Europe ».
Regroupement ouvert, Bigre ! veut, à terme, peser dans le débat public et promouvoir un nouveau statut du travail autonome, qui constitue un dépassement du salariat. « Aujourd’hui, les CAE sont une solution. Demain, nous voulons qu’elles deviennent un modèle d’emploi pour le 21ème siècle », concluent les fondateurs.