Une étude de France Stratégie publiée en janvier 2016 portant sur 8500 entreprises françaises, évalue à 13% le gain moyen de performance des entreprises engagées dans une démarche de RSE RSE Responsabilité sociétale des entreprises, également appelée responsabilité sociale des entreprises. par rapport à celles qui ne le sont pas. La pertinence d’une telle corrélation peut faire débat, mais la RSE, encore souvent perçue comme une mode opportuniste ou une norme contraignante, gagne du terrain sur le thème de la performance globale d’entreprise. Qu’en est-il pour l’ESS ESS Le terme d’Économie sociale et solidaire regroupe un ensemble de structures qui reposent sur des valeurs et des principes communs : utilité sociale, coopération, ancrage local adapté aux nécessités de chaque territoire et de ses habitants. Leurs activités ne visent pas l’enrichissement personnel mais le partage et la solidarité pour une économie respectueuse de l’homme et de son environnement. , et pour quelle performance ?
Rappelons que la RSE désigne la responsabilité d’une organisation vis-à-vis des effets qu’elle produit sur la société et sur l’environnement. La démarche invite à dialoguer avec les parties prenantes – clients, sociétaires, salariés, fournisseurs, communautés locales… - afin d’identifier les impacts de ses activités et repenser la stratégie ainsi que les méthodes de travail pour finalement produire une valeur mieux partagée.
A titre d’exemple, le Crédit Coopératif a défini sa responsabilité sociétale autour de 3 axes, en tant que banque, en tant que coopérative Coopérative Une coopérative est un groupement d’individus (commerçants, consommateurs, producteurs…) choisissant de mettre leurs moyens en commun afin de satisfaire leurs besoins. , et en tant qu’entreprise. La démarche vise à mieux intégrer l’impact des financements, animer la vie coopérative au service d’un co-développement, et améliorer les pratiques internes notamment en tant qu’employeur, dans la gestion environnementale et vis-à-vis des fournisseurs.
Quelques actions pour l’illustrer : mise en place de lignes directrices sur les paradis fiscaux et les secteurs sensibles, création de produits permettant de rendre compte aux clients de l’utilisation de l’argent confié, organisation de dîners coopératifs et d’événements mettant en relations sociétaires épargnants et porteurs de projets, plans d’actions en faveur du handicap, de la parité et de la qualité de vie au travail, pilotage des consommations de ressources… L’entreprise est en marche, avec lucidité sur ses marges de progrès, et s’efforce d’en rendre compte de manière transparente dans sa communication.
Le cas du Crédit Coopératif et l’observation de son environnement met en lumière une singularité de l’ESS. Les valeurs et principes d’action de l’ESS rejoignent et sont même précurseurs de nombreuses préoccupations de RSE : la finalité sociale ou environnementale des activités, l’exercice en commun, le « dialogue parties prenantes » au travers de la double qualité client-sociétaire ou associé-usager, la mutualisation des moyens, la démocratie, le modèle de création et de partage de la valeur économique, la solidarité entre les membres et entre générations, l’expérimentation, l’innovation… Mais la RSE est aussi une occasion formidable pour les acteurs de l’ESS de réinterroger leurs manière de travailler : la réalité des pratiques de gouvernance Gouvernance La gouvernance est l’ensemble des règles et méthodes organisant la réflexion, la décision et le contrôle de l’application des décisions au sein d’un corps social. La gouvernance évoque souvent le « bon gouvernement » et donc des pratiques participatives et inclusives. La gouvernance renvoie aux sphères économiques, sociales, politiques, etc. , la transparence de l’information, le comportement d’employeur, les pratiques environnementales, le dialogue et les engagements sociétaux au-delà du cercle des associés ou sociétaires, les achats responsables, la cohérence des placements financiers avec les valeurs affichées…
L’expérience et le témoignage de dirigeants de l’ESS montrent que l’affaire n’est pas simple, tant la tentation est grande dans leur univers d’invoquer une RSE native comme monsieur Jourdain, ou inscrite dans l’ADN. Mais les acteurs engagés, et ils sont de plus en plus nombreux, affirment qu’une démarche volontaire de RSE, et non pas de simple conformité, est un excellent levier de mobilisation des équipes et de performance. Elle permet en particulier d’éviter le risque d’éloignement du fonctionnement de la structure par rapport à ses finalités fondatrices et favorise l’innovation à tous les niveaux.
Si les questions centrales de la RSE ont un caractère universel, leur mise en œuvre doit être adaptée à l’activité, la taille ou le statut juridique de l’entité, et il n’est pas simple de s’y retrouver dans le foisonnement de référentiels. Il faut souligner à cet égard le rôle essentiel des fédérations et têtes de réseaux de l’ESS pour accompagner et valoriser les démarches de leurs membres en leur proposant des outils spécifiques : référentiels sectoriels, guide pratiques, formations, labels, échanges de bonnes pratiques, trophées… Le Crédit Coopératif a publié en partenariat avec l’ORSE un premier recueil des initiatives prises par une dizaine de fédérations de l’ESS dans ce domaine, qui montre que l’ESS est en marche vis-à-vis de la RSE, avec des prédispositions naturelles qui l’invitent à passer de l’intuition à l’engagement.
Commentaires
1. L’ESS et la RSE : de l’intuition à l’engagement, 21 juin 2016, 17:29, par Olivier Haertig
Excellent article, qui montre bien que la RSE RSE Responsabilité sociétale des entreprises, également appelée responsabilité sociale des entreprises. est fondée depuis sur ses origines sur une "éthique du bien commun" qui la différencie clairement de la conformité. La loi dit ce qu’il ne faut pas faire mais pas ce qu’il faudrait faire pour instiller plus d’harmonie dans les rapports socio-économiques. Cest l’éthique personnelle des dirigeants et des collaborateurs qui est ici en jeu.