La pandémie du Covid-19 a ébranlé le fonctionnement de nos économies et de notre organisation sociale. Cette crise sanitaire s’ajoute aux crises financières précédentes. Pour beaucoup, la mondialisation poussée à son extrême par le modèle actuel de développement économique et le productivisme en sont à l’origine. De cette période chaotique, une prise de conscience émerge : le danger de perdre la souveraineté des chaînes de production de produits stratégiques et la nécessité de faire évoluer la logique du modèle économique actuel pour le rendre plus social, environnemental et résilient.
Bien avant la crise sanitaire, l’enjeu d’une articulation entre les priorités économiques et les politiques sociales avait été identifié. Certes, l’Union Européenne est souvent d’abord perçue comme un vaste espace de développement économique. Mais il est de plus en plus clair que ce potentiel économique ne peut être réalisé sans faire de l’Europe un espace de stabilité politique et un creuset de cohésion sociale. Cette double exigence s’est encore renforcée par l’expérience de la crise sanitaire.
Cette prise de conscience sera-t-elle suffisante pour opérer un réel changement de paradigme ? L’incertitude est grande en la matière. Si les valeurs de l’économie sociale et solidaire sont mises en avant comme rempart aux dérives du système économique dominant, force est de constater que les grandes puissances mondiales que sont les Etats-Unis et la Chine vont favoriser un retour à la situation initiale. L’Europe apparaît être la seule puissance mondiale à même de tirer les leçons de la crise et d’enclencher un réel changement. L’Union Européenne peut jouer un rôle crucial en posant les fondements d’un système économique pluriel avec une économie sociale et solidaire qui change d’échelle, avec une économie traditionnelle qui tempère la recherche unique du moindre coût par une responsabilité sociale et environnementale, et avec une économie de proximité qui réduit la longueur et la complexité des chaînes de production grâce à son ancrage dans les territoires. La cohésion sociale en dépend et nous devons construire une économie en capacité de répondre, s’adapter aux exigences du bien commun et au service des citoyens européens. D’où l’importance d’une capacité des politiques et institutions européennes à incarner une promesse non seulement pour une économie soutenable et des emplois de meilleure qualité, mais aussi pour la citoyenneté, la démocratie et la cohésion sociale.
Le Conseil supérieur de l’Economie sociale et solidaire (CSESS) français accueille donc très favorablement l’élaboration par la Commission européenne d’un Plan d’action pour l’économie sociale, qui doit avoir cette ambition. Il doit être à même de mobiliser l’ensemble des acteurs de l’économie sociale et solidaire et de les aider à se développer pour que leurs valeurs se diffusent plus largement et entraînent le changement souhaité.
Afin de contribuer à l’élaboration de ce plan, le CSESS a élaboré des recommandations dans quatre domaines qu’il juge prioritaires.
Postez un commentaire